Il est toujours délicat de porter un regard extérieur sur le congrès d'un parti dont on est pas membre. Pas parce qu'il serait illégitime d'avoir une opinion en tant que citoyen mais parce que la mécanique d'un congrès (dont j'ai quelques connaissances par ailleurs) amène souvent à relativiser quelques faux semblants... Essayons quand même de dire quelques mots sur le PS d'après Reims...
Les personnes et les motions : ces deux aspects doivent être évoqués. Notons au passage qu'il est amusant de lire des commentaires contre les querelles de personnes quand les commentateurs ne font pas autre chose eux-mêmes ! La politique des responsables, que Delanoë a appelé dans une formule qui fera date le "dispositif humain" est nécessairement dans le débat alors que la présidentialisation de la Vème République est accentuée. Mais les débats sur les motions ne sont pas à négliger car au-delà des chefs de file, ils témoignent de clivages réels dans le parti.
Le PS est arrivé au congrès dans un état de division avancé : c'est la responsabilité politique de François Hollande puisqu'il en était le Premier Secrétaire. C'est un constat, je ne sais pas si d'autres auraient mieux fait à sa place, mais en tant que responsable il n'a pas su conserver l'unité du PS jusqu'au congrès. Dès lors, il était normal qu'une certaine balkanisation apparaisse. Le schéma d'une motion majoritaire flanquée sur sa droite et sa gauche d'oppositions minoritaires n'est pas celui auquel on a assisté. La motion "plus à gauche" de Benoît Hamon est relativement classique, si ce n'est le score obtenu. La motion Royal est classée plus à droite (tout est relatif) : la question de l'alliance avec le Modem est politiquement importante mais elle masque les ressorts profonds de cette motion dont la caractéristique principale me semble être le rapport au parti et à ses militants, en rupture avec les usages antérieurs. Enfin, des motions Delanoë et Aubry il y en a une de trop, ce qui aurait pu être une motion majoritaire s'est transformé en machine à perdre sans que l'on comprenne bien où étaient les blocages avant et pendant le congrès...
Reste les questions de personnes. Delanoë a joué et perdu, il se retire ce qui est sage. Benoît Hamon maintient sa candidature, ce qui était une candidature de témoignage pour se compter devient dans le jeu d'après congrès une candidature de division. Ségolène se maintient, sa motion étant arrivée en tête on ne peut lui en faire grief. Elle focalise sur sa personne (indépendamment du contenu de sa motion) un fort ressenti positif ou négatif (pour ne pas dire amour/haine) et c'est dans ce cadre que le maintien de Martine Aubry s'analyse, en défense de l'orthodoxie. Maintien de la maire de Lille handicapé par celui de Benoît Hamon.
Malgré quelques vieilles rancunes personnelles à l'égard de l'ancienne ministre du Travail, elle a ma préférence. Mais quel que soit le vote des adhérents, la légitimité politique du vainqueur sera un dur combat à gagner...