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Discours de Ségolène Royal à Reims

Publié le 16 novembre 2008 par Dagrouik

Voici le texte et la vidéo du discours de Ségolène Royal à Reims ce midi, à la fin du congrès.


Second discours de Ségolène Royal au Congrès de Reims du PS
envoyé par lespoiragauche

Chers camarades, je ne reviendrai pas sur le récit de la commission des résolutions parce que Vincent Peillon, je crois, l’a parfaitement fait.

Je voudrais remercier cette équipe très soudée, je ne pourrais pas tous les citer, mais qui ont travaillé avec moi sans relâche au rassemblement des socialistes : François Rebsamen, Manuel, Delphine, Gérard, Jean-Noël, Najat, Aurélie, Jean-Pierre, Jean-Louis, Julien, David et tous les autres.

Chers camarades, maintenant, la parole est aux militants. C’est à vous, militants, de rassembler désormais notre parti. C’est à vous de choisir celui ou celle qui aura la lourde charge de diriger le parti dans l’unité. Et tout le monde, et j’en fais ma règle, devra se ranger derrière celui ou celle qui sera désigné(e) par le vote souverain des militants.

Il faudra solliciter tous les talents, réunir toutes les compétences, mettre le parti au travail pour servir les Français, pour parler à l’Europe et au monde. Le Parti a besoin de tous, de tous ses militants bien sûr, de tous ses élus, de tous ses responsables nationaux et fédéraux, de tous ses secrétaires de section et de tous ceux et celles qui nous rejoindrons.

Si je suis élue, l’effort de rassemblement continuera. J’aurai, nous aurons besoin de toi, Bertrand, et de tes amis, et au-delà, nous aurons à cœur de rassembler, venant de toutes les motions, tous les talents qui s’y trouvent.

Nous aurons besoin de toi, François, à qui tous les militants savent ce qu’ils te doivent pour avoir notamment, mais bien au-delà, notamment maintenu contre vents et marées l’unité de notre Parti socialiste.

Le Parti socialiste est attendu par les Français. Il doit contribuer à répondre aux urgences de la crise économique et financière qui s’est abattue sur le pays et sur le monde. Toute son énergie, toute son intelligence collective doivent être mobilisées par l’impérieuse nécessité de s’opposer. Faisant face à l’avalanche des plans de licenciements dont la liste s’allonge de jour en jour, Renault Sandouville, Peugeot, Camif, Sanofi, Hewlett Packard, Molex, Ford, les services publics menacés sur tous les territoires, les acquis sociaux bafoués partout, l’Éducation nationale appelée tous les jours à en rabattre.

N’oublions pas, militants, que jeudi prochain, le jour où nous aurons à voter, il y aura un mouvement social, un mouvement de grève dans les services publics et dans l’Éducation nationale, et nous serons à leurs côtés.

La France a engagé 350 milliards d’euros pour les banques, soit près de 10 000 euros par foyer fiscal, et on nous dit que le pouvoir d’achat ne peut pas être augmenté. Pendant ce temps-là, 7 millions de pauvres, dont 2 millions d’enfants sont la réalité de notre pays. Alors que 2500 milliards ont été engagés pour sauver le système bancaire mondial, il en aurait fallu 200 pour éradiquer la faim et autant pour stopper la désertification du Sahel, et on ne pourrait pas construire un autre monde ? !

Oui, cette crise financière est indissolublement liée au système capitaliste lui-même. Souvenez-vous de tous ces donneurs de leçon qui se prenaient pour les maîtres du monde, qu’elle était arrogante la secte dorée des intégristes du marché ! Comme ils nous regardaient de haut ces acrobates de la mathématique financière, comme ils y mettaient de l’entrain ces idéologues suffisants attachés à détruire sous toutes les latitudes, l’Etat qu’aujourd’hui ils appellent au secours, comme on appelle un domestique pour qu’il éponge les dégâts d’une fête trop arrosée !

Comme ils étaient sûrs d’eux ces sachants et ces satisfaits auxquels des pouvoirs serviles éloignés du peuple accordaient tous les permis de dévaster.

Souvenez-vous la compétence était de leur côté, pas du nôtre. La modernité était leur amie, pas la nôtre. Ils avaient gagné la bataille des idées et nous l’avions perdu, l’avenir leur appartenait et à personne d’autre. Aujourd’hui, ils ont moins fière allure, mais attention ils n’ont pas perdu la main. Ils promettent de s’amender et de s’auto-discipliner, mais de grâce, nous disent-ils, que l’Etat paie sans s’immiscer dans nos affaires, et très vite qu’il s’efface à nouveau.

Avouons qu’il est quand même piquant que celui, Nicolas Sarkozy qui s’est fait élire en vantant les retraites par capitalisation, le surendettement des ménages, l’Etat minimal tout droit inspiré par George Bush, soit obligé aujourd’hui de passer en urgence de la main invisible du marché à la poigne solide de l’Etat.

Mais nous, nous ne sommes pas dupes. Un cycle s’achève, celui inauguré par Mme Thatcher qui nous répétait : il n’y a pas d’alternative, celui poursuivi par Reagan qui déclarait : l’Etat n’est pas la solution, mais le problème. Celui où l’on claironna après la chute du Mur que nous étions arrivés à la fin de l’histoire. Eh bien non, l’histoire a plus d’un tour dans son sac car elle n’obéit à aucun déterminisme mécanique et se moque des triomphalismes à courte vue.

L’histoire est pour le meilleur et pour le pire ce que les femmes et les hommes en font. L’histoire sera dans le temps qui est le nôtre, ce que nous serons capables d’en faire.

Voilà pourquoi aujourd’hui notre responsabilité historique est immense, elle est lourde, mais en même temps exaltante car ce cycle s’achève en ayant semé tant de mépris, tant d’injustice et de précarité tant de hantise de tomber sans pouvoir se relever, tant d’inquiétude pour l’avenir et tant de doutes sur la capacité de la politique à remettre les choses d’aplomb, qu’il y a urgence, extrême urgence à empêcher que le monde ne se défasse davantage, c’est le rôle de la gauche, c’est celui du socialisme, celui du socialisme du 21e siècle !

Urgence à proposer une alternative radicale et crédible, urgence à rassembler nos forces, nos talents, nos volontés et tous nos courages.

Je songe, au moment où je vous parle, à ces salariés qui jonglent avec trois petits boulots pour s’en sortir, à ces adultes qui ont un emploi et qui sont pourtant contraints de revenir habiter, à 40 ans, chez leurs parents ou à vivre en caravane, à cette mère de famille rencontrée lors d’une de ces réunions qui m’a dit qu’avant, elle gardait toujours les restes des plats pour en faire quelque chose mais que maintenant elle récupère les restes dans les assiettes pour les recuisiner.

Nous connaissons tous ces retraités qui ne font plus qu’un repas par jour. Nous les avons vus ceux qui doivent choisir entre manger et se chauffer, et tant de gens qui se croyaient à l’abri et qui aujourd’hui, à cause d’une politique implacable de la droite, tombent dans l’insécurité sociale avec au cœur cette terrible angoisse pour l’avenir de leurs enfants.

Je pense à tous les jeunes, de toutes origines et de toutes les couleurs des quartiers populaires qui sont venus massivement voter à l’élection présidentielle et je les appelle à venir au Parti socialiste. La France a besoin d’eux, le PS a besoin d’eux, et donc si je suis élue, j’aurais besoin, oui farouchement, besoin d’eux.

Urgence à proposer une alternative radicale et crédible, urgence à rassembler nos forces, nos talents, nos volontés et tous nos courages.

Je songe, au moment où je vous parle, à ces salariés qui jonglent avec trois petits boulots pour s’en sortir, à ces adultes qui ont un emploi et qui sont pourtant contraints de revenir habiter, à 40 ans, chez leurs parents ou à vivre en caravane, à cette mère de famille rencontrée lors d’une de ces réunions qui m’a dit qu’avant, elle gardait toujours les restes des plats pour en faire quelque chose mais que maintenant elle récupère les restes dans les assiettes pour les recuisiner.

Nous connaissons tous ces retraités qui ne font plus qu’un repas par jour. Nous les avons vus ceux qui doivent choisir entre manger et se chauffer, et tant de gens qui se croyaient à l’abri et qui aujourd’hui, à cause d’une politique implacable de la droite, tombent dans l’insécurité sociale avec au cœur cette terrible angoisse pour l’avenir de leurs enfants.

Je pense à tous les jeunes, de toutes origines et de toutes les couleurs des quartiers populaires qui sont venus massivement voter à l’élection présidentielle et je les appelle à venir au Parti socialiste. La France a besoin d’eux, le PS a besoin d’eux, et donc si je suis élue, j’aurais besoin, oui farouchement, besoin d’eux.

Pour tous ceux-là et pour bien d’autres, des millions d’autres, ils attendent, ils nous attendent, les socialistes, et c’est pour cela, qu’avec mon équipe, cette équipe qui a vocation à s’élargir et à rassembler tous les socialistes, c’est pour cela que je me bats.

Nous aimons tous notre parti, il est une partie de notre vie et nous y laissons parfois beaucoup. Il est notre fierté, il est indispensable aux Français et au monde. Nous devons lui consacrer le meilleur de nous-mêmes. Rassemblons-nous.

Socialistes, levons-nous. Il y a tant de belles choses à faire, inventer le socialisme du XXIe siècle. Il y a tant de combats à mener. C’est la plus belle tâche que d’être à son service avec gravité, avec le sens des responsabilités, avec une équipe déterminée et renouvelée, je m’y prépare.


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