Magazine Asie

Pourquoi Greenpeace ne va pas en Antarctique cette année ?

Publié le 16 novembre 2008 par Isanatori
Après avoir évoqué Sea Shepherd et leur nouvelle campagne de pub sur la chaîne câble/satellite Animal Planet, passons à l'autre ONG qui envoie régulièrement un ou des navires dans l'Océan austral pour "sauver" les baleines : Greenpeace. La célèbre organisation écologique a récemment déclaré qu'elle n'enverrai pas de bateau pour s'opposer à la flotte de recherche japonaise. À vrai dire, cela ne m'étonne pas que Greenpeace se désiste. Je vais vous expliquer pourquoi.
Cette ONG est sans doute celle qui est la plus engagée contre la chasse à la baleine. Elle interpose ses zodiacs entre les baleines et les navires baleiniers depuis les années 1970. Elle a envoyé un ou deux de ses bateaux en Antarctique à 9 reprises depuis le début de la chasse scientifique conduite par le Japon dans cette partie du monde. Libre à chacun de croire qu'ils ont réussi à sauver la moindre baleine en prenant des photos d'eux devant les baleiniers nippons, mais force est de reconnaître que c'était la seule ONG pseudo-écologique à faire ça jusqu'en 2005, l'année où Sea Shepherd a envoyé l'un de ses navires dans l'Océan austral pour la première fois.
Paul Watson, le fondateur de cette dernière, est d'ailleurs un ancien membre de Greenpeace. Il en a été chassé à cause d'une divergence d'opinion quant aux méthodes à utiliser. Il trouvait Greenpeace trop "peace" à son goût. Sea Shepherd qu'il a fondé en 1977 est plus agressi... euh, violente. Greenpeace ne voulant pas entacher son image de pacifisme - ce qui n'est pas forcément la réalité -, ils ont refusé de coopérer avec Sea Shepherd dans leur traque des navires de recherche japonais en Antarctique. (Disons que c'est la position officielle.)
Comme il m'arrive de poster des commentaires sur les blogs de Greenpeace, j'ai eu l'occasion de remarquer que beaucoup de leurs sympathisants ne sont pas vraiment satisfaits que les "petits pois" refusent ne serait-ce que de donner à Sea Shepherd les coordonnées des navires japonais quand ils les ont. Certains ont même annoncé qu'ils arrêteraient de faire des dons à Greenpeace. Bien sûr, il est impossible de vérifier dans quelle mesure cela a affecté les finances de Greenpeace. On toutefois dire que l'entrée en scène de ce concurrent, déloyal puisqu'il n'hésite pas à utiliser des tactiques plus dangereuses et donc plus sensationnelles, gêne assurément Greenpeace.
En janvier dernier, lorsque deux activistes de Sea Shepherd ont abordé illégalement l'un des baleiniers japonais, le Yûshin-maru No.2, les médias occidentaux relataient ce fait quasiment tous les jours sans évoquer Greenpeace qui poursuivait le navire-usine Nisshin-maru. La présence empêchant les baleiniers de continuer leurs opérations, les activistes de Greenpeace n'ont pas pu prendre de photos d'eux-mêmes en train de "sauver" des baleines. Sea Shepherd a donc bouté Greenpeace hors de l'Antarctique.
Pour justifier leur future absence dans l'Océan austral, les porte-parole de Greenpeace expliquent qu'ils vont désormais concentrer leurs efforts sur leur campagne de sensibilisation de l'opinion publique japonaise. Je leur souhaite bien du courage. Ils partent avec un gros handicap : ils sont réussi à faire arrêter deux de leurs activistes nippons pour vol en essayant d'exposer un soi-disant trafic de viande de baleine. Je ne reviens pas sur les détails de cette affaire, vous pouvez lire mon opinion ici, ici et là.
Malgré l'évidence des délits commis (effraction et vol), Greenpeace continue de se présenter en victime d'un complot de "l'etablishment baleinier japonais" visé à les faire taire... Mais bien sûr ! Au Japon, on n'arrête pas les voleurs, sauf s'ils sont contre la chasse à la baleine ! Greenpeace va même jusqu'à citer un rapport du Comité des Nations Unies pour les Droits de l'homme. Le droit de voler des colis contenant de la viande de baleine est un droit inaliénable, qu'on se le dise ! Enfin, bref...
Greenpeace se vante donc de pouvoir influencer l'opinion publique japonaise pour lui faire comprendre le bien fondé de leur lutte contre la chasse à la baleine. Malheureusement, ici au Japon, la plupart des journaux ne se soucie pas d'eux. La seule exception est peut être le quotidien Asahi qui semble entretenir des relations étroites avec l'ONG, mais on est en droit de se demander de quelle source l'un de ses journalistes, Oyamada Kenji a tiré l'information selon laquelle le Japon réduirait son quota de chasse scientifique à 700 rorquals de Minke et 50 rorquals communs. Des porte-parole de l'Agence japonaise pour la pêche a d'ailleurs démenti cette info. Le quota sera comme prévu de 850 (+/-10%) rorquals de Minke antarctiques et 50 rorquals communs, comme prévu.
En fait, et pour résumer tout ce qui touche à cette ONG, Greenpeace n'a pas le moindre argument écologique valable contre les programmes de recherche japonais et la chasse à la baleine. Au lieu de ça ils déforment les traités et conventions internationaux en sachant éperdument que leurs sympathisants n'iront pas les lire, fabriquent des histoires et sont prêts à commettre des délits.
Le secrétaire général de Greenpeace Japan a publié un livre sur la chasse à la baleine l'année dernière. Il y écrit qu'il est grand temps pour l'ONG d'en finir avec ce sujet et de passer à autre chose. Je suis on ne peut plus d'accord avec lui et j'espère que la décision de ne pas envoyer l'Esperanza en Antarctique cette hiver en est un signe précurseur.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Isanatori 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte