C'est dans un petit restau du Marais que nous retrouvons Jacques Mercier pour cet entretien à bâton rompu. Sa légendaire casquette vissée sur le crâne, la moustache frétillante, il vide un double Martini on the rocks, le coude lourdement appuyé sur le comptoir. Lorsqu'il m'aperçoit, il s'exclame: "C'est vous le philotrope! Je l'aurais parié!" Puis il me prends par le bras et m'entraîne à une petite table près de la fenêtre. Nous commandons chacun un menu à 14,95. Tout en rongeant un croûton de pain pour tromper l'attente, je lance mes premières questions.
Le philotrope : Jacques Mercier, comment devient-on le penseur français le plus influent en ce début de nouveau millénaire.
Jacques Mercier : Franchement, je sais pas trop.
LP: Au japon, on vous considère comme un dieu vivant. Des mugs, du papier toilette, des rouleaux de papier peint sont imprimés à votre effigie. Le 28 mars dernier, 15 japonais âgés de 21 à 67 ans se sont immolés par le feu sous prétexte qu'ils n'avaient pas compris le chapitre 12 de votre dernier livre ("Le pédantisme foireux pour échapper au suicide" Ed Les Belles Lettres). C'est dingue tout cet engouement, non?
JM : Je sais pas trop quoi vous dire.
LP : Jacques Mercier, je vous sers du vin ?
JM : Ah oui !
LP : Et sinon, bien, tranquille, ou quoi ?
JM : Bien…
LP : Jacques Mercier, il ne me reste plus qu’à vous remercier pour cet entretien que vous avez bien voulu nous accorder.
JM : C’était sympa, on recommencera. Vous mangez pas vos œufs mimosas ?