La nouvelle lune de Tema est arrivée le 28 octobre cette année et avec elle TE TAU MATARI’I I NI’A, période d’abondance, sous le signe du poisson. Plusieurs définitions possibles :
- NI’A signifie « en haut, qui va se lever », MATA peut signifier les yeux, RII : petits. Les Pléiades sont une toute petite constellation.
- MATA signifie débuter ; RII : de condition humble. Cela voudrait dire « commencer petit » … à l’instar des hommes, la nature serait toujours en régénérescence.
- MATA ARII : signifie commencer par les chefs. Les premières récoltes étaient offertes aux Dieux puis consommées par les arii, les chefs.
En comparant la signification dans les autres langues polynésiennes, les chercheurs penchent pour la première signification car MATARIKI, MAKALII, MATAIKI; RIKI en pascuan et en maori, LII en hawaiien et IKI en marquisien signifient petit !
Pour fêter dignement Matari’i i ni’a, les têtes pensantes polynésiennes ont concocté toutes sortes de manifestations : expositions, concours et spectacles de danses, visites culturelles, journée de sports traditionnels. Une exposition temporaire au Musée de Tahiti et des îles honorera l’artiste Léon TAEREA, artiste aux multiples facettes décédé récemment. Il est parti en descendant du plateau de Tamanu alors qu’il était allé nettoyer ses orangers le 19 juin dernier. Artiste complet, grand défenseur de l’environnement, le public pourra admirer ses œuvres : toiles, dessins à l’encre de Chine, trois documentaires, des livres. En 2006, je l’avais rencontré lors d’une exposition de ses dessins à l’encre de Chine à la Maison de la Culture. Dessins oniriques, surréalistes de l’univers de Léon, entre mythologie et environnement naturel, de quoi inspirer les jeunes générations qui voudraient se réapproprier leur histoire, leurs coutumes et pas seulement en criant qu’ils sont ma’ohi. Comme le regrettait l’autre jour un pasteur, les jeunes Polynésiens parlent mal le français, et parlent mal le tahitien auxquels ils mélangent des mots d’anglais. Une curieuse soupe !
Il ne pleut pas. Mais pourquoi ? Le vert est devenu jaune, tout est sec. Le manque d’eau se fait sentir dans certains villages… Depuis au moins six mois, la sécheresse est présente. Les prévisions de la météo ne sont guère rassurantes : pas d’amélioration pour la Société au cours des trois prochains mois ! Pas trop de baisse de pression sauf à Taiarapu Est, à la presqu’île. Moorea, l’île sœur souffre beaucoup : rivières asséchées, passage d’un camion-citerne avec une capacité de 12 000 litres dans les villages en déficit. Bora Bora, la perle du Pacifique, n’a pas vu la pluie depuis six à sept mois ! Mais l’île dispose de deux usines de dessalement d’eau de mer. Huahine, préfère fermer l’eau de 23 heures à 5 heures.
Lu dans la presse locale, l’Etat français a dépensé 653 181 Francs Pacifiques soit 5 474 euros par habitant ici en Polynésie.
297 personnes ont été dépistées séropositives depuis 1985 (dont 10 en 2007). 107 personnes ont atteint le stade du sida, 71 sont décédées. Actuellement, 123 patients sont traités en Polynésie dont 42 ont atteint le stade du sida (chiffres arrêtés au 31/12/2007, Direction de la Santé).
Un colloque international sur la ciguatera vient de s’achever à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Un nouveau phénomène, découvert à Lifou (îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie) et à Raivavae (îles Australes de Polynésie Française), pourrait « rendre les choses un peu plus complexe en matière de recherche sur la ciguatera ». Les chercheurs ont constaté que des micro-algues porteuses des toxines et mangées par les poissons n’étaient peut-être pas les seules responsables de la gratte, comme on le pensait depuis trente ans. Les cyanobactéries, des organismes apparus il y a 3 milliards d’années, pourraient également être à l’origine d’intoxications via la consommation de bénitiers et probablement d’autres mollusques. Un même phénomène avait été constaté aux îles Cook et au Vanuatu, après la consommation de mollusques. Des études continueront sur les plantes, telles que le faux-tabac (Descriptif botanique du faux-tabac) , dont la teneur en sucre et en calcium pourrait avoir des effets sur les symptômes, en plus d’une action détoxifiante…
La cathédrale de Rikitea, dans les îles Gambier sera sauvée ! Fermée au public depuis quatre ans, des travaux sont envisagés pour début 2009. Cette cathédrale a été construite entre le 17 janvier 1839 et le 15 août 1841 sous l’égide du missionnaire catholique, le Père Honoré Laval. Les deux clochers ont été construits entre le 13 août 1853 et le 5 novembre 1854. Elle est édifiée sur un ancien marae au cœur du village de Rikitea. Elle peut accueillir plus d’un millier de fidèles. Elle mesure 48 m de long, 18 m de large et 9 m de hauteur.. Les deux clochers ont 20 m de hauteur. Classée monument historique par le gouvernement polynésien le 30 juillet 2002, ses particularités architecturales sont des murs en pierre de corail, une charpente en arbre de pain, une voûte en roseaux, un enduit à la chaux corallienne et une toiture en pandanus et en tuiles mécaniques de Marseille ! Le coût de cette rénovation, évalué par l’architecte en chef des monuments historiques venu de France, serait de 600 millions de FCP (5 millions d’euros). Il serait pris en charge par l’Etat, le Territoire et des mécènes. On peut y voir également une politique de transmission des savoirs. Il faudrait identifier des artisans qui possèdent ce savoir-faire local, et qu’ils puissent le transmettre à de jeunes artisans polynésiens. Il faudra des maçons, des charpentiers, des couvreurs. Il faut faire vite car l’édifice menace ruine, les insectes ont attaqué la charpente et la voûte en roseaux.
Sabine