Le journal Le Monde, pour ne citer que lui, avait été un des premiers à hurler aux amalgames dès qu’un porte-flingue du ministère de l’intérieur avait l’indécente idée de faire le lien entre familles polygames et quartiers sensibles.
Que n’entendait-on pas de la bouche des habituels gardiens de la pensée vertueuse et des brigades du "bien universel" qui se délectaient de cette occasion de trainer ce pouvoir "fasciste" dans la boue, et de l’accuser de stigmatiser une population déjà défavorisée afin de lui refiler tous les maux de la terre…
On l’avait déjà compris à l’époque, ces mêmes censeurs ne s’étaient pas interrogés longtemps entre la tentation facile de dézinguer du Chirac ou du Sarkozy, et le bienfondé d’une inévitable réflexion sur ce phénomène récurrent et ses implications désastreuses.
Parler des 25000 familles polygames recensées dans notre pays était déjà un tabou avant 2005 et ses émeutes, traduisant du même coup l’incapacité de nos gouvernants successifs à endiguer cette pratique culturelle.
Depuis 2005 et l’inévitable débat sur l’immigration que les affrontements urbains n’avaient pas manqué de raviver, la question a soigneusement regagné sa place au fond des armoires à dossiers des différents ministères concernés.
En d’autres termes, la meilleure façon de nier un problème est de ne pas parler du problème !
Quant à ceux qui aujourd’hui évoqueraient officiellement le sujet, notre opposition parlementaire se gargariserait de les traiter immédiatement de provocateurs paranoïaques et parlerait de fantasmes éhontés.
Notre majorité elle, ridiculisée quotidiennement par ses reculades à répétition au moindre cri d’orfraie, soulignerait timidement le caractère anecdotique de quelques cas isolés sur notre territoire et mettrait son mouchoir dessus.
Anecdote et fantasme?
Ibrahim Yacoub, issu lui-même d’une famille comorienne polygame, brise cette loi du silence savamment entretenue par tout le monde, de l’acteur associatif de terrain au législateur en passant par les notables communautaires.
Il raconte, à travers l’histoire tragique d’une famille polygame ordinaire de son quartier (un père, quatre épouses, quatorze enfants…), le quotidien de cette pratique qu’il est de bon ton de taire et qui fait des ravages dans toutes les banlieues de nos grandes villes.
Il dénonce le mensonge entretenu depuis des années par nos dirigeants sur le nombre exact de ses familles, nombre qui selon lui est largement minimisé dans un souci évident de museler tout risque de polémique.
Est-il utile de rappeler la gabegie économique que le traitement social de ce fléau entraine dans son sillage ? La loi française interdisant la polygamie, il est bien évident que chaque épouse illégitime adopte le statut de mère isolée avec toutes les prestations qui vont avec pour elle et sa progéniture.
Sans vouloir sombrer dans le populisme, n’importe qui peut imaginer ces situations ou un mari, le plus souvent sans emploi, trône sur deux, trois voire quatre épouses auxquelles il a fait plusieurs enfants nés sur le sol français, et que tout ce beau monde vit sous perfusion permanente des fonds publics de solidarité.
Evidemment, si l’on persiste à croire, comme on le laisse entendre Place Beauvau ou rue de Solférino, que ce phénomène est marginalisé au point qu’il faut l’ignorer, on pourra trouver mon propos excessif.
Mais ce serait ignorer du même coup le désastre social que constituent ces gosses pour qui cet environnement familial détestable ne peut être qu’un handicap souvent irréversible à leur socialisation.
Souvent déchirés entre clans d’une mère à l’autre, jamais cadrés par un père dépassé, absent ou totalement déresponsabilisé, les garçons s’emparent très tôt du rôle de protecteur de leur "morceau" de famille, se rebiffent devant une société qu’ils renient, débordent de cadres qu’aucune autorité paternelle n’a pris soin de poser et dégringolent rapidement dans une délinquance dont ils mettront des années à sortir.
C’est un constat que bon nombre de municipalités peuvent faire tous les jours en se gardant bien de lui donner l’importance qu’il mériterait d’avoir !
Ibrahim Yacoub, lui, a décidé de dire les choses au risque de se retrouver face à une résistance communautaire qui défendra bec et ongles une pratique qu’elle a importée méthodiquement, silencieusement pendant des années, le tout dans un anonymat que notre frilosité leur a permis d’entretenir sans le moindre problème.
Il lance donc un cri d’alarme "de l’intérieur" par ce récit sans concession et rétablit quelques vérités qui devraient en déranger plus d’un chez les divers acteurs sociaux de nos cités.
Souhaitons-lui d’être entendu et qu’un frein soit mis à ces dérives… anecdotiques.
Ibrahim Yacoub sur RMC le 18/09 (durée 07:30):