Oh je n’aurai pas la prétention ici (ni ailleurs) de me lancer dans une
quelconque analyse de cette crise économico-financière, tant les énormités que
j’accoucherai de mes réflexions ne pourraient être que d’approximatives
banalités (voire d’insondables conneries).
Je me contente donc d’observer ce qui se passe, essayant de comprendre au mieux
les mécanismes qui ont conduit ce monde aux limites du gouffre en me disant
que, bah, de toute façon, à part subir les effets de ce qui va se passer, je ne
vois pas bien ce que je peux faire !
Et il m’est avis que je ne dois pas être le seul membre de ce club de
non-initiés.
Néanmoins (comme disait le Sphinx..), des limbes de mon inculture surgissent
quelques réactions qui ne nécessitent pas un master de sciences éco.
A moins d’être aveugle, sourd ou en séjour sport et loisir sur Jupiter, il
était difficile de louper les annonces de sauvetage financier de quelques
géants internationaux de la banque et de l’assurance qui ont émaillé la
quinzaine écoulée. De partout sur ce globe on nous a pondu des plans "machin",
des accords "çuilà" et des stratégies "sézig", et on a commencé à faire valser
dollars, yen, roubles, livres et euros dans tous les sens.
Des milliards. Des dizaines, des centaines… des milliers de milliards
!...
Des chiffres tellement irrationnels que leur adjoindre une unité de monnaie en
est devenu superflu.
Ce que j’ai bien compris par contre, c’est que quelque soit le pays, ces sommes
colossales qui ont de multiples destinataires, ont un point de départ commun :
la poche du contribuable.
Raisonnement simpliste et populiste me diront certains qui auront probablement
de bonnes explications techniques à opposer à ma formule à l’emporte-pièce,
explications dont je n’entraverai d’ailleurs qu’une partie négligeable même en
me motivant.
Le contribuable américain lui, n’attend plus qu’on lui explique quoi que ce
soit. Et au cas où il n’ait pas bien compris qu’il avait le rôle du pigeon, les
patrons d’AIG se sont chargé de le lui rappeler.
85 milliards. C’est le montant en dollars de l’injection de
fonds publics dans le capital de l’assureur AIG pour lui
sortir le nez de la bouse le 15 septembre dernier.
5 milliards. C’est le montant des pertes enregistrées par
AIG au dernier trimestre de 2007 consécutives aux placements
financiers hasardeux de ses dirigeants.
5 millions. C’est le montant du bonus empoché par son PDG
Martin Sulivan.
15 millions. C’est le montant de son parachute doré.
440 000. C’est le montant de la note
de frais d’hôtellerie que les dirigeants d’AIG ont présenté à la
comptabilité pour leur séminaire d’une semaine dans un palace de Monarch Beach
(San Diégo), tout juste 6 jours après le sauvetage de leur
société.
Mélangez tout ça dans un saladier et ajoutez-y les commentaires du porte parole
de la boite : "c’est une pratique courante dans le milieu des assurances
américaines pour récompenser les meilleurs commerciaux", et vous
obtiendrez probablement tous les éléments propices à une furieuse envie de
meurtre chez tous ceux à qui on a retourné les poches pour permettre à ces
insatiables porcs d’aller fêter leur fiasco dans des hôtels à 1600$ la
nuit.
150 000$ rien que de frais de bouche pour 6 jours de vacances...
23 000 $ de bain à remous…
On a beau se dire qu’on est là dans l’anecdote et que les maux de cette crise
ne se résument pas dans ce pitoyable exemple, on ne peut que constater que nous
touchons le fond du fond de l’indécence et de l’immoralité.
Tellement immoral qu’on a toujours un peu de mal à accepter que de telles
aberrations puissent avoir cours chez nous.
Les Bouton, Forgeard et autres Messier nous ont pourtant fait
dégringoler de notre nuage plus d’une fois.
Et ce ne sont pas les chartes d’éthique à deux balles ou les pactes de cour de
récré de Mme Parisot qui adouciront les mœurs de leurs
héritiers…