Le récent renouvellement au perchoir du Sénat avait donné
l’occasion de pointer les excès pondéraux de ce vénérable "plateau de fromages"
républicain, dont les fauteuils confortables attisent la convoitise de nombre
de prestigieux postérieurs prêt à s’étriper pour venir s’y poser.
Par la même, ça avait permis à son président sortant, nouveau candidat à la
fossilisation et aux couches-culottes, de livrer à la populace le spectacle grotesque de ses derniers
soubresauts disgracieux de nobliau déchu.
Les journalistes Colonna d’Istria et
Stefanovitch dressent un
constat écrit de cette gabegie dont la seule lecture devrait couvrir de
honte ceux qui, quelle que soit leur couleur politique, se disent démocrates au
service de l’Etat et se gardent bien de dégoiser sur un refuge doré qu’ils se
verraient bien intégrer à l’automne de leurs carrières.
Et puisque ces temps de
crise, de rigueur et de récession (désolé pour le gros mot) font légitimement
émerger toutes les rancœurs, c’est au tour d’un autre nourrain grassouillet de
dévoiler sa panse.
Le Conseil Economique et
Social (CES), devenu Conseil
Economique Social et
Environnemental (CESE) est passé lui aussi à
la moulinette des excellentissimes limiers des Contribuables Associés qui ont rendu, eux
aussi,
une hallucinante copie.
Ce rapport de 24 pages se lit sans s’en rendre compte, tant chaque ligne vous
donne une bonne raison de vous étrangler.
Là aussi tout y passe.
Budget pharaonique, activité quasi nulle, rémunérations confortables et
pléthoriques, sur-représentation de fonctionnaires, financements publics de
syndicats, régime de retraite royal, frais de fonctionnement démesurés, gestion
opaque, mandats renouvelables et cumulables, copinage et complaisance, travaux
sans aucun intérêt ni échos, taux d’absentéisme record, ramifications
régionales, ramifications européennes, etc, etc…
Bref, de quoi donner rétrospectivement mille fois raison à De
Gaulle qui voulait, par soucis de pragmatisme, mettre ce "machin" au
rancart avec tout ce qu’il contient.
Encore une fois, comment ce pays peut-il espérer faire adhérer sa population à
un discours de rigueur et de sacrifices, si dans le même temps il est incapable
de se débarrasser de ces bunkers du gaspillage organisé posés là comme des
verrues ?
Continuer d’abriter à grands frais quelques poignées de planqués dans
des usines à réfléchir et à fabriquer des rapports destinés à s’empiler dans
des armoires Louis XVI, c’est perpétuer sciemment l’image d’une démocratie qui
refuse de péter moins haut que son cul.
Ce que nos voisins ont fini par bannir peu à peu de leurs systèmes respectifs
perdure chez nous par excès d’orgueil mal placé et par la volonté tenace de
conserver je ne sais quelle gloriole ou prestige imbécile qui nous dispenserait
de rabaisser notre caquet, et de mettre un terme à ces niches pour hauts
fonctionnaires boulimiques aux portefeuilles percés comme des écumoires.
Donc forcément, quand on est un Etat gras comme une truie, et que l'on passe
son temps à demander à sa population de se serrer la ceinture, on finit par se
prendre des tacles au genou.
Qui n’ont d’autres effets que de cristalliser un vrai ras-le-bol, me
direz-vous, à défaut de pouvoir faire bouger des choses autant
institutionnalisées dans les rouages de notre démocratie obèse.
C’est pourquoi la chronique "coup de gueule" de Jacques
Maillot vendredi matin sur RMC dans l'émission "Les Grandes Gueules", si
elle ne changera pas la face du monde, fait du bien à entendre: