Les rondelles de plastique, aux couleurs primaires, jaune, rouge, bleu, et noir, suspendues à des fils allant du sol au plafond sur douze plans successifs, forment, une fois vues depuis le point critique, la représentation pointilliste d’un oeil. L’image est tirée d’une affiche publicitaire (bélinogravée, comme chez Loïc Raguénès ?).
Ce qui, à mes yeux, sauve cette installation de trop de facilité, c’est non point sa solution finale, mais la marche, la quête, l’ascèse du parcours, où le visiteur, avançant à pas lents vers son but, se dépouille peu à peu de toute vaine recherche de sens pour s’emplir de vide coloré. Il faudrait, à la fin du parcours, s’être défait entièrement de toute envie de comprendre, de tout désir de savoir, comme un archer zen qui n’atteint sa cible que parce qu’il ne fait pas d’effort pour l’atteindre.
C’est Champ de Vision, de Damián Ortega à l’Espace 315 du Centre Pompidou, jusqu’au 9 février.
Photos 1 & 3 courtoisie du Centre Pompidou, © Georges Meguerditchian. Photo 2 de l’auteur, avec ses remerciements au gardien stylé qui a bien voulu prendre la pose.