Failli. (Suite d'hier)
Les dieux viticoles avaient dû décider, pour ce jour, ce jour-j réel et non décalé dans le temps cette fois, que je ne travaillerais pas. Fine by me, mais j'aurais préféré être prévenu avant. Puis en fait non. Failli. On trouve toujours le moyen d'avoir à faire ce qu'au fond on évite viscéralement d'avoir à faire. Compliqué.
Donc mon ordi me lâche au bureau ce matin, il me lâche en plusieurs fois, d'abord Firefox bugué, puis Explorer, puis toute la boite-trop-plate qui commence à biper à tous les étages. Resetable à souhait mais piégé dans une boucle de redémarrage sans fin. C'est Windaube ça, il me dit, mon responsable, alors je lui dis oui, peut-être, mais ça aurait pas à voir avec le radiateur collé à la tour depuis des semaines qui fait surchauffer le machin ? Non, il me dit, c'est Windaube, sûr, faut installer Linux. Alors voilà qu'il nous gave le pauvre PC de CD d'installation pirates sans effet. L'installation se lance puis reboote en chaîne insatisfaite. Faut pas être une lumière pour comprendre que l'ordi chauffe trop et qu'il se relance dès que le processeur menace de griller par mesure de sécurité, que le temps figé dans ses circuits s'altère et saute à chaque fondue des plaques internes.
Donc me voilà lâché sans ordi, à faire des courses à la Poste pour m'occuper, parce qu'évidemment sans ordi je ne peux rien faire. A mon retour je récupère un ordi parallèle sur lequel mon logiciel fétiche n'est pas installé. Tout ce que je peux faire, du coup, c'est répondre aux mails éparpillés, remplir des factures à rallonge et compléter des listes de prix interminables que le marketing me refile parce que c'est long et chiant. Aliénant vient en option.
En retour de pause déjeuner (comprendre : un quart d'heure de salade-sous-vide sans, cette fois, lecture du Désordre, faute d'écran noir), je découvre mon ordinateur de remplacement en veille, protégé par un mot de passe que je n'ai pas, que personne n'a visiblement, sinon mon responsable, évidemment absent pour le reste de la journée. Du coup, c'est journée chaises musicales, je jongle d'un poste à l'autre en fonction des absences-présences des uns et des autres. A 16h15, soit un quart d'heure avant la fin de ma garde, je termine péniblement les trucs les plus urgents. A 16h20, j'improvise une conversation téléphonique toujours privé de mon support écran (et donc, par conséquent, de toutes mes fiches d'informations sur les produits qu'on est censé vendre), alors je réponds de mémoire sur des références que je maîtrise mal. A 16h25 je m'apprête à partir, prêt à attraper mon 16h37, mais non, les dieux viticoles désapprouvent et m'envoient pour une dernière course à la Poste, j'embraye donc sur le 17h07, avec appareil photo oublié qui plus est, pour un 17h34 empoussiéré, faute de mieux.
Le temps du jour rythmé d'horaires qui tournent à vide. Des nappes de temps trop lent enchaînées aux heures d'activité qui fusent. Journée déroutante, fort heureusement terminée. Entre ces heures boiteuses, scotché à mon bureau trop froid, je prends le temps de reprendre Melliphage, de le relire sur papier et d'en corriger les incorrections (et il y en a). C'est au moins quarante minutes utiles prises dans ce marasme de temps perdu. Juste une parenthèse, au moins, pour m'assurer que ma journée n'a pas été vaine, que je ne l'ai pas traversée sans la voir.