Les réactions au blanchiment de monsieur Vanneste ne s'embarrassent pas des subtilités que j'ai décrites dans mon billet précédent, et suscitent indignation et réprobation jusque dans les rangs de l'UMP...
L'Inter-lgbt se demande avec juste raison si un quidam qui, au lieu de l'infériorité de l'homosexualité, aurait parlé celle d'une religion ou d'une ethnie aurait été relaxé de la même manière, d'autant plus que la loi de 2004 dont les plaignants avaient demandé l'application met sur un pied d'égalité les orientations sexuelles, religieuses et les origines ethniques.
Même interrogation du Collectif contre l'homophobie, qui se demande en vertu de quel principe l'homosexualité est restée du mauvais côté de la limite de l'injure...
Act up parle d'une «décision indigne et déconnectée des réalités », Homosexualité et socialisme fait part d'une douloureuse incompréhension, et même GayLib, le rallye des UMPédés, si prompt d'habitude à voler au secours d'Edvige et de ses députés un peu trop sexistes fait part de « sa profonde consternation ».
C'est tout de même un signe qui ne trompe pas, ça ! GayLib d'accord avec les associations qu'elle qualifie habituellement de gauchistes ! Il faut tout de même qu'il y ait le feu au lac !On peut vraiment parler de condamnation unanime.
Mêmes positions dans la presse. Ce matin, sur France-Info, dans le traditionnel face à face entre Laurent Joffrin, de Libération et Sylvie Pierre-Brossolette, du Point, il n'y a pas eu de débat. Au point que Sylvie-Pierre Brossolette, d'habitude si prompte à encenser le régime, a estimé qu'il serait salutaire que l'UMP trouve un peu de courage pour virer Vanneste et Longuet....
Tous les observateurs s'accordent à dire que c'est bien à la justice de répondre à la question que j'ai posée dans mon billet précédent, à savoir de mesurer les conséquences qu'une déclaration intempestive émanant d'un personnage politique, ayant donc tribune et autorité morale, peut avoir sur l'opinion publique, et dans quelle mesure de telles déclarations peuvent engendrer un trouble à l'ordre public.La correctionnelle et la cour d'appel avaient fort bien décortiqué le problème et défini une ligne de conduite en la matière. La cour de cassation ouvre la boîte de Pandore en affirmant que le problème n'existe pas, ou que s'il existe, il n'est pas du ressort de la justice d'en délibérer.
En attendant, Vanneste, qui n'a pas le triomphe modeste, se faisait recevoir hier sur BFM TV par Karl Zéro pour enfoncer son clou. Mon opinion personnelle, que j'exprime donc librement en vertu de la nouvelle jurisprucence Vanneste, est que ce monsieur est le roi du sophisme et du raisonnement bancal . « Si tout le monde devient homosexuel, on est foutus! »...
Ben oui! Mais lui qui est catholique « très fervent » pour ne pas dire intégriste, et donc vraisemblablement créationniste si j'en crois le titre du livre qu'il a co-signé, devrait imaginer que son bon dieu, dans sa supposée grande sagesse, n'en n'a pas voulu ainsi! Pourquoi craint-il tant que cela se produise? A-t-il consulté pour cette parano? Je vous laisse juge de la solidité du raisonnement.Christian Vanneste blanchi par la cour de Cassation
envoyé par les_jeunes_avec_Vanneste
De cet entretien avec Karl Zéro, je retiens deux clés:
A 9minutes 30, Monsieur Vanneste déclare : « le lobby homosexuel fait peser une menace sur tous les élus ». A une époque où on voit des terroristes partout, c'est toujours bon à placer.
Et à 11 minutes 20, « [les associations homosexuelles], ces gens qui s'arrogent le droit de parler à la place des autres sont une atteinte à la démocratie » !!
Je préfère ne pas commenter et laisser chacun juger. Je risque de dire des choses pas convenables.
Rappelons seulement que les associations, les homosexuelles comme les autres, sont régies par la loi de 1901 qui détermine précisément leur raison d'être, leur droit d'exister, leur mode de financement, et le fonctionnement démocratique qui permet à leurs membres d'élire leurs dirigeants.D'autant plus que les religions ne sont pas les dernières, loin de là, à avoir choisi le mode associatif pour exister publiquement, et qu'on a même, en 1905, modifié la loi de 1901 spécialement à leur attention en créant le cadre des « associations cultuelles » ....
Et rappelons enfin que les associations françaises sont suivies et contrôlées par différentes institutions dont notamment la MIVILUDES, directement rattachée au premier ministre:
qui garantit la bonne démocratie de leur mode de fonctionnement, la limpidité de leur financement, la sincérité de leur recrutement et le consentement éclairé de leurs membres.
Or à ce jour et à ma connaissance, aucune association homosexuelle n'a jamais été épinglée par la Miviludes, et je n'en dirais pas autant des associations religieuses, si j'en juge par son dernier rapport:
http://www.miviludes.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Miviludes_2007.pdf
Toujours dans son interview, quelques instants plus tard, le bonhomme assure qu'il ne connaît pas d'autre communauté que la nation française. D'après lui, il n'y a pas de communauté homosexuelle. Peut-être nous expliquera-t-il comment il appelle le groupe de gens qui ont été fichés comme homosexuels de 1942 à 1982 par les renseignements généraux, qui possédaient un « groupe de contrôle des homosexuels » supprimé par Gaston Deferre?
Et comment dénomme-t-il l'ensemble des homosexuels qui ont milité pendant quarante ans pour faire abolir les lois qui les persécutaient en particulier, lois votées en 1942, 1960, 1962 et jusqu'en février 1981? Si ce n'est pas une communauté, il appelle ça comment?Est-ce un lobby qui dénonce le suicide des adolescents pour cause d'homophobie et réclame que des dispositions pédagogiques soient prises pour l'éviter? Ou faut-il réserver le qualificatif de « lobby » à ceux qui veulent les faire taire?
Manifestement, monsieur Vanneste, fort de sa victoire qu'on espère provisoire, déclare la guerre au « fait homosexuel », qu'il tente de distinguer de l'ensemble des homosexuels, qu'il tente d'isoler en leur contestant le statut de communauté ou de groupe d'affinité; il leur conteste le droit de s'associer, et proclame que leurs associations les manipulent.
Là encore, je m'en remets au libre arbitre de chacun pour apprécier l'improbable exercice qui consiste pour un militant catholique co-auteur d'un livre sur la religion d'accuser d'autres associations de « prétendre représenter leurs membres » (à 1'50 dans l'interview). Ce ne sont certainement pas les associations religieuses qui veulent nous apprendre comment on doit faire l'amour qui se permettraient une chose pareille !
On est à la frontière du droit français ou romain, et du droit anglo-saxon. Droit au nom duquel on pourrait écarter un chef d'état parce qu'il se fait faire des pipes sous son bureau, et le président d'une institution financière internationale parce qu'il fait des câlins à sa collaboratrice, mais au nom duquel on peut aussi manifester dans la rue aux cris de « tuez un pédé pour Jésus Christ » et « Dieu hait l'Amérique ».Sans compter que ce sont certainement les mêmes qui acceptent qu'on puisse crier « Dieu hait l'Amérique » et qui trouvent insupportable qu'on siffle la Marseillaise. Suivant le système choisi, c'est tout ou rien, mais il ne faudrait pas que ce soit comme ça les arrange. Je veux bien que les gens aient des opinions opposées aux miennes à conditions qu'elles soient cohérentes, qu'ils sachent les argumenter sans mauvaise foi ni sophisme, et qu'ils les assument jusqu'au bout de leur logique.
Pour ma part, je préfère sans hésitation un système où on prend le plus compétent pour occuper un poste sans se préoccuper de sa vie sexuelle, plutôt qu'un panier de crabes où on attrape les gens par les couilles au nom d'une morale qu'on ne pratique pas pour les faire tomber du fauteuil qu'on convoite.
Affaire à suivre ...
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