Ces derniers, fondateurs de la Normandie sous l'égide du comte de Rouen, le chef norvégien Rolfr (Rollon), à partir de 911 (traité de Saint-Clair-sur-Epte), occupent une place particulière dans notre imaginaire national, comme dans l'imaginaire européen en général. Régis Boyer, l'un des meilleurs spécialistes français et européens de la civilisation scandinave médiévale, professeur émérite à la Sorbonne, propose au grand public un nouvel ouvrage qui n'est pas une Nième synthèse sur les Vikings, mais un véritable guide de découverte et d'approfondissement, dont l'objet est de donner une relecture complète du phénomène Viking. Pour cela, de façon originale, l'auteur début par une longue étude sur la place du Viking dans la littérature française, pour décrypter l'origine et la formation du mythe, pour mettre en évidence les mécanismes qui ont conduit à l'élaboration de l'image d'Epinal du Viking. Suivent des études sur la civilisation des Vikings, puis, original en langue française, un copieux dictionnaire, qui facilite les recherches et la consultation des textes et études sur le sujet.Un ouvrage qui deviendra sans aucun doute une référence.
A. P.
Présentation de l'éditeur
Dès leurs premières incursions en Occident à l'extrême fin du VIIIe siècle, les Vikings héritèrent une réputation sulfureuse. Indignés par le sort que ces prédateurs venus du Nord réservaient aux riches abbayes, les clercs brossèrent d'eux un portrait sans nuances : barbares païens d'une cruauté inouïe, égorgeant hommes, femmes et enfants, buvant le sang de leurs ennemis dans des crânes et sachant, de surcroît, mourir dans un éclat de rire. Cette image de monstres sans toit ni loi - certains même n'hésiteront pas à les qualifier plus tard de surhommes - va perdurer jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle. Depuis, pour démêler le faux du vrai, le mythe de la réalité, les chercheurs ont sollicité l'archéologie, l'histoire, la numismatique, la philologie, la runologie et proposé une lecture plus subtile de cette société scandinave. Pillards, certes à l'occasion, mercenaires au service du plus offrant, les Vikings furent avant tout des marchands: vendeurs de fourrures, d'ambre et d'esclaves, acheteurs de tissus, d'armes et de grains. Ils furent également de grands artisans, mettant au point, entre autres, un bateau extraordinaire, aussi maniable en eaux peu profondes qu'en haute mer. Le droit coutumier et la religion des Vikings, d'une grande tolérance, jouèrent un rôle important dans le développement de cette société sans préjugés qui ignorait la violence gratuite et la torture. Ces hommes, dont la civilisation dura près de deux cent cinquante ans (v. 800-v. 1050) et qu'un concours exceptionnel de circonstances a portés sur le devant de la scène de l'histoire, apparaissent ici tels qu'ils furent réellement, loin des fantasmes de notre imagination.
R. Boyer, Les Vikings. Histoire, Mythes, Dictionnaire, Robert Laffont éditeur, collection Bouquins, Paris, 2008, 912 pages.