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Le Triomphe de La Nuit - Edith Wharton

Par Woland

The Ghost Stories of Edith Wharton Traduction : Florence Lévy-Paolini

Comme "Grain de Grenade" (pas encore lu pour l'instant), "Le Triomphe de la Nuit" regroupe les nouvelles fantastiques ou, à tout le moins, insolites de la romancière américaine. Wharton a en effet produit quelques histoires de fantômes d'assez haut niveau comme "La Sonnette", laquelle ouvre d'ailleurs ce volume sous le titre : "La cloche de la Femme de Chambre."

Wharton pratique la suggestion et le non-dit un peu à la manière d'Henry James. Aussi ne faut-il pas s'étonner si deux au moins des nouvelles ici rassemblées, "Les Yeux" et "Le Triomphe de la Nuit", ne nous présentent pas des fantômes, dans l'acception habituelle du terme.

Dans la première, un charmant vieux monsieur raconte à des amis comment, en des circonstances bien précises et que je vous laisse découvrir, il s'est réveillé la nuit pour contempler deux yeux rouges et gonflés, pleins d'une méchanceté indicible, qui luisaient dans l'ombre de sa chambre. Dans "Le Triomphe de la Nuit", c'est un meurtre que Wharton met en scène avec cette différence que l'un des témoins, probablement doué de capacités extra-sensorielles, parvient à "voir" à l'oeuvre le double, l'ombre, l'esprit du meurtrier - évidemment bien vivant - alors que, pour la galerie, son visage et son attitude affichent une sollicitude qu'il est bien loin d'éprouver.

En revanche, il y a bien fantômes dans "La Sonnette" - celui d'une femme de chambre dévouée - "Plus tard" - le spectre revient se venger - et "Kerfol", dont l'action se situe en Bretagne et qui évoque lui aussi une vengeance occulte.

L'habileté de Wharton, c'est de maintenir son lecteur sur le fil. Jusqu'au bout, il espère qu'il a mal lu, mal vu, mal compris et qu'il existe une explication logique même s'il ne s'agit en l'espèce que d'une manie hallucinatoire. En ce sens, il n'y a ici ni sang (ou très peu), ni épouvante, ni horreur véritables. L'atmosphère par contre est souvent lourde, angoissante, presque poisseuse - mais on ne parvient pas à mettre un nom exact sur ce qu'elle exsude. Tout cela rappelle ces dessins où un monstre se dissimule mais où il faut chercher et fouiller avant de le repérer ; le perd-on de vue un seul instant que tout est à recommencer.

L'ensemble est subtil - un peu trop parfois - raffiné et fortement intellectuel. Peut-être un peu trop, diront certains. Mention spéciale aux "Yeux" dont la chute a quelque chose d'hallucinant : on doute vraiment de ce que l'on comprend. ;o)


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