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La publication récente du deuxième tome de Wildcats version 3.0 nous permet de rentrer dans le monde des grandes entreprises et des luttes économiques. Mais la société qui nous intéresse ici est tout de même un peu...spéciale.Jack Marlowe, PDG de la société Halo, a un rêve pour l'humanité : apporter au monde des avancées qui le rendront meilleur. Pour cela, Marlowe va commencer par inonder le marché de piles inusables qui vont imposer durablement la marque Halo dans l'esprit des gens.Mais dans un monde complexe où l'on côtoie requins de la finance et hommes de l'ombre détenteurs d'informations compromettantes, il faut jouer sur de nombreux tableaux et avoir des alliés partout. L'agent Wax, du Service des Parcs Nationaux - une officine gouvernementale qui cache une organisation qui traque les post-humains - est l'un d'entre eux. Dans un autre genre, il y a également Edwin Dolby, conseiller financier mais surtout comptable plein de ressource et de talents cachés. Tout ce petit monde va se donner à fond pour que les objectifs soient atteints. Vendre, fidéliser, contrôler...Un extraterrestre doté de super-pouvoirs à la tête d'une société commerciale en plein essor, voilà un concept de base plutôt original. Si les premiers épisodes pouvaient laisser perplexe, à cause notamment d'une intrigue quelque peu confuse, ce deuxième tome est plus réussi. Les différents personnages prennent de la consistance et leurs aventures, à mi-chemin entre thriller économique et SF financière saupoudrée de super-héros, s'avèrent agréables à suivre.Avoir choisi le monde des multinationales comme toile de fond n'est pas un hasard et il est intéressant de voir nos héros "à pouvoirs" confrontés au vrai pouvoir ; celui des holdings, de la bourse et des media. L'auteur, Joe Casey, loin d'imposer une critique systématique du système capitaliste, détourne les armes modernes des grandes sociétés pour les mettre au service d'un idéal plutôt que de la recherche du profit. Louable me direz-vous, et certes un peu naïf. Heureusement, cette candeur est contrebalancée par un humour assez corrosif qui va se nicher jusque dans les scènes les plus violentes ou les plus sexuellement osées. Cela rattrape également le côté assez fadasse du personnage principal qui s'exprime dans un langage froid et technique certainement voulu mais peu attrayant.Les dessins sont de Dustin N'guyen, déjà vu notamment sur The Authority. Pas de fausses notes de ce côté là, c'est propre, bien colorisé et l'on passe de la froideur des bureaux, éclairés au néon, à des ambiances plus sombres et feutrées.En ce qui concerne cette VF, l'on peut se réjouir de la présence d'un petit résumé de la situation et d'une présentation, fort utile, des personnages principaux. J'ignore de qui est le fameux topo (ce n'est pas signé) mais il n'aurait pas été inutile de le préciser, d'autant qu'il contient des affirmations pour le moins péremptoires et simplistes qui n'ont que peu à voir avec le récit qui nous intéresse ici. M'enfin, on va faire avec.Une série Wildstorm, au cadre plutôt inhabituel, qui, sans être bouleversante, se révèle savoureuse sur le long terme. Six épisodes pour 13,00 € chez Panini.