La vaginite est une inflammation du vagin parfois infectieuse, parfois non infectieuse. Elle se traduit par une irritation avec des démangeaisons ou des sensations douloureuses à la vulve ou au vagin, ainsi que par des pertes vaginales « anormales ».
Cette affection est relativement courante : près de deux femmes sur trois seront touchées au moins une fois dans leur vie. Les vaginites constitueraient le motif le plus fréquent de consultation médicale chez les femmes.
Types de vaginites
Vaginites infectieuses. Les vaginites les plus courantes sont causées par des micro-organismes, comme des bactéries, des virus, des parasites ou une levure (la levure est un champignon microscopique). Elles peuvent être la conséquence :
- d'une perturbation de l'équilibre du milieu vaginal, qui provoque une prolifération anormale de bactéries ou de champignons pathogènes déjà présents dans le vagin. Le milieu vaginal a un pH relativement acide. C'est l'équilibre de sa flore bactérienne qui prévient les infections. Une modification du pH ou de la flore, mais aussi des taux anormaux de glucose, de glycogène, d'anticorps et d'autres composés dans les sécrétions vaginales peuvent être en cause dans l'apparition d'une infection vaginale. La vaginite à levures causée par la levure Candida (aussi appelée vaginite à champignons ou candidose vaginale) et la vaginose bactérienne causée par la bactérie Gardnerella vaginalis sont les plus fréquentes.
- de l'introduction du parasite Trichomonas vaginitis dans le vagin durant un rapport sexuel avec un partenaire infecté. Ce type de vaginite se nomme trichomonase.
Vaginite atrophique. Ce type de vaginite est provoqué par une baisse du taux d'oestrogène après le retrait chirurgical des ovaires ou après la ménopause. On observe alors un amincissement et un dessèchement de la muqueuse vaginale, qui devient plus irritable.
Vaginite d'irritation. L'inflammation vaginale peut être causée par des produits chimiques irritants ou des réactions allergiques provoquées par les spermicides, les douches vaginales, les détergents, les savons parfumés, les adoucisseurs de tissu, les condoms en latex ou l'utilisation prolongée d'un tampon.
Note. Dans ce présent document, il sera essentiellement question des vaginites infectieuses, qui représentent environ 90 % des cas de vaginite.
Complications
En général, les vaginites n'entraînent pas de complications. Elles peuvent cependant poser problème chez les femmes enceintes. En effet, certains accouchements prématurés ont été associés à des vaginites causées par des bactéries ou par le parasite Trichomonas vaginitis.
Par ailleurs, les vaginites bactériennes et la trichomonase augmentent le risque de contracter le virus de l'immunodéficience humain (VIH) et d'autres infections durant les relations sexuelles non protégées avec un partenaire infecté.
Symptômes
- Un changement important dans l'odeur, l'abondance, la texture et la couleur des pertes vaginales peut être le signe d'une vaginite infectieuse.
- Des douleurs et des démangeaisons au vagin, et parfois à la vulve.
- Une sensation d'irritation ou de brûlure durant la miction et durant les rapports sexuels.
- Une enflure et une rougeur des lèvres.
- Un léger saignement vaginal, dans de rares cas.
Remarque. Plusieurs femmes atteintes de vaginite infectieuse n'ont aucun symptôme. Qui plus est, le parasite Trichomonas vaginitis peut rester plusieurs années dans le vagin sans provoquer de symptôme.
Personnes à risque
- Les femmes diabétiques dont la maladie n'est pas bien maîtrisée (donc vivant des épisodes d'hyperglycémie) sont plus sujettes aux vaginites à levures, les levures étant friandes de glucose.
- Les femmes enceintes. Les vaginites à levures sont de 10 à 20 fois plus fréquentes durant la grossesse. L'augmentation du pH et du taux de glycogène vaginal, du taux de glucose sanguin et les épisodes fréquents de glycosurie chez la femme enceinte en sont responsables.
Facteurs de risque
Vaginite à levures
- La fatigue causée par un manque de sommeil, le suivi d'un régime amaigrissant, le stress, un médicament, une maladie ou tout autre état qui affaiblit le système immunitaire.
- La prise d'antibiotiques, car ils détruisent la flore bactérienne naturelle du vagin.
- La prise de la pilule contraceptive, chez certaines femmes.
- Le port de sous-vêtements en tissus synthétiques et de vêtements serrés, qui retiennent la chaleur corporelle et créent un milieu humide propice à la prolifération de la levure Candida.
- La consommation d'aliments riches en sucre.
- Un traitement aux oestrogènes.
Vaginose bactérienne
- L'utilisation régulière de douches vaginales à des fins « hygiéniques » (trois fois ou plus par mois).
- Le port d'un stérilet en cuivre.
- Le tabagisme.
- Un nouveau partenaire sexuel, ou de nombreux partenaires (il s'agit d'une hypothèse).
Trichomonase
- Des relations sexuelles non protégées avec un partenaire infecté.
Quelques moyens de prévenir les vaginites
- Avoir une bonne hygiène intime, bien rincer et sécher correctement la région génitale.
- Éviter l'utilisation de produits parfumés (savons, bains moussants, papier hygiénique, tampons ou protège-dessous).
- Éviter d'utiliser les douches vaginales régulièrement, à des fins hygiéniques. Les douches vaginales modifient l'équilibre naturel de la flore vaginale.
- Ne pas utiliser de déodorant vaginal.
- Changer régulièrement les tampons et les serviettes hygiéniques.
- Porter des sous-vêtements de coton (éviter le nylon).
- Laver les sous-vêtements avec un peu d'eau de Javel dans l'eau chaude pour tuer les micro-organismes.
- Dormir sans sous-vêtement pour laisser l’air circuler autour de la vulve.
- Éviter de porter des pantalons trop serrés et des bas de nylon.
- S’essuyer de l’avant vers l’arrière après les selles pour éviter la propagation de bactéries du rectum au vagin.
- Éviter de garder un maillot de bain mouillé.
- Si nécessaire, avoir des relations sexuelles protégées.
Mesures pour prévenir les récidives
Adopter de bonnes habitudes alimentaires. Le milieu vaginal est le reflet de l'état général de l’organisme. Un régime alimentaire équilibré faible en gras et en aliments raffinés est de mise pour prévenir les infections vaginales. Il est également recommandé, pour favoriser l’intégrité de la paroi vaginale et stimuler la fonction immunitaire, de consommer des aliments riches :
-en vitamine A et en bêta-carotène comme les abats, le foie, les patates douces, les carottes et les épinards;
-en vitamine C comme les poivrons rouges et verts, la goyave, le kiwi et les agrumes;
-en zinc comme les huîtres, les viandes (boeuf, veau, agneau), le poulet, les légumineuses et les céréales entières3.
Particulièrement pour les vaginites à levures, il est recommandé d’éviter le sucre, incluant les jus de fruits sucrés.
Consommer des probiotiques. La flore vaginale naturelle est composée notamment de bactéries de type Lactobacillus. Bénéfiques à la flore vaginale, ces bactéries contrent la prolifération de micro-organismes nuisibles. La consommation de produits enrichis en ces bonnes bactéries, appelées probiotiques, pourrait aider la flore vaginale à retrouver son équilibre. On trouve maintenant, sur le marché, du lait, des yogourts et des fromages probiotiques.
Seulement deux petites études cliniques ont testé l’utilisation prophylactique d’un apport oral de yogourt1,2. L'une portait sur 33 femmes atteintes de vaginite à levures récurrente (pour des raisons inconnues, seulement 13 femmes ont terminé le protocole)1. Le traitement consistait à manger 1 tasse (250 ml) par jour de yogourt enrichi en probiotiques (Lactobacillus acidophilus), pendant six mois, puis de consommer la même quantité de yogourt sans probiotiques pendant encore six mois. Résultat : la consommation de yogourt enrichi en probiotiques a réduit le nombre de vaginites dont étaient victimes les participantes. Il y avait en effet trois fois moins de bactéries nuisibles dans leur flore vaginale.
Par ailleurs, puisque la consommation régulière de yogourt (non enrichi), de kéfir, de tempeh et de choucroute contribue à conserver la santé de la flore intestinale, elle pourrait avoir le même effet sur la flore vaginale.
Bonne journée,
Marie-Claude
ref: Passeport.sante