Où l'on comprend l'urgence d'un traitement de l'eau à la pointe...
Le site http://nouvelles.umontreal.ca/content/view/1715/221/, rapporte qu'un seul nanogramme (ng) d'hormones stéroïdes dans un litre d'eau est suffisant pour perturber le système endocrinien des poissons et diminuer leur fertilité, voire causer l'hermaphrodisme ou la féminisation des mâles. Les eaux que l'usine d'épuration de Montréal rejette dans le fleuve Saint-Laurent contiennent jusqu'à 90 ng/l de certains composés d'œstrogène. C'est dire dans quelle soupe hormonale nagent les poissons!
Une étude réalisée par Liza Viglino, chercheuse postdoctorale au Département de chimie et à la Chaire industrielle CRSNG en eau potable de l'École polytechnique, sous la direction de Sébastien Sauvé et de Michelle Provost, démontre la présence de résidus d'œstrogène dans l'eau du fleuve et ses effets sur les espèces aquatiques. Liza Viglino a pris en considération non seulement les hormones naturelles et celles entrant dans les contraceptifs oraux mais, pour la première fois, des produits utilisés dans l'hormonothérapie de remplacement, prescrite aux femmes ménopausées.
On doit se rassurer quant à l'eau potable; elle ne contient pas autant d'œstrogènes que les taux mesurés dans le fleuve puisque, selon Sébastien Sauvé, une bonne part des molécules concernées est dégradée par les procédés de purification comme la chloration.
Une autre étude du même genre portant cette fois sur six antidépresseurs et quatre dérivés métaboliques a été menée par André Lajeunesse, doctorant du professeur Sauvé, et Christian Gagnon, d'Environnement Canada.
L'étude a montré que les antidépresseurs, contrairement aux œstrogènes, ne sont presque pas retenus à l'usine d'épuration. Par exemple, un dérivé métabolique de la venlafaxine (inhibiteur de la recapture de la sérotonine), dont le taux était de 274 ng/l à l'entrée de l'usine, affichait encore un taux de 225 ng/l à la sortie.
«À cause de leur composition chimique, de 80 à 90 % des antidépresseurs demeurent dans l'eau après l'épuration», affirme Sébastien Sauvé.
Ces molécules miment l'effet de la sérotonine et peuvent, entre autres, influer sur la vasoconstriction chez les poissons, la reproduction chez les mollusques et le battement des cils chez les protozoaires. Selon les chercheurs, seul un traitement par ozonation pourrait vraisemblablement détruire ces molécules.