Pour le Parti socialiste, le congrès de Reims a en fait commencé bien avant aujourd’hui par des tractations, des lettres, des supputations d’alliances, des déclarations dans la presse… bref tout ce qui constitue l’enfumage médiatique (et aussi le sel) d’une belle partie de poker menteur. Pour les tenants des quatre grandes motions (Royal, Delanoë, Aubry, Hamon), il s’agit là de prendre le pouvoir au sein du parti et pas d’autre chose. Ou plutôt si : au-delà de la désignation du Premier secrétaire, chaque présidentiable veut se positionner pour 2012. Là se pose le dilemme suivant : devenir Premier secrétaire permet certes de se rendre visible dans l’opinion mais n’est-ce pas aussi trop s’exposer au risque d’écorner son image de marque ? A trop bien tenir son rôle, Hollande ne s’est-il pas carbonisé comme présidentiable, alors qu’en principe le poste de premier secrétaire était au PS le tremplin « naturel » vers la candidature présidentielle ?
Il n’est pas sûr que la présence à Reims de la Sainte ampoule n’éclaire beaucoup les débats socialistes. Ni qu’elle apporte une salutaire onction à la sérénité des débats. Et puis c’est pas un futur Roi de France en mal de trône qu’il s’agit de sacrer, mais juste un(e) prétendant(e) à la fonction de Président de la République, pardon, juste le taulier d’un grand parti de gouvernement… L’essentiel se passera comme d’habitude en un très petit conclave de délégués triés sur le volet, dans la nuit de samedi à dimanche, d’où devrait sortir une Sainte Thèse destinée à « rassembler les socialistes ». Cette nuit dite de la Résolution n’est jamais au PS le matin du grand soir mais le psychodrame périodique destiné à évacuer les tensions qui résultent d’une saine émulation entre chefs de motions conjuguée à une grande vitalité démocratique. L’ennui, c’est que cette fois il y en a vraiment beaucoup, des tensions au PS…
Pour la partie spectacle, le congrès sera comme d’habitude une grande tribune où s’égrènera une litanie d’interventions de camarades porteurs de tas d’idées intéressantes entrecoupée de la prestation de divers éléphants. Comme aucun leader suffisamment rassembleur n’a émergé du vote des militants, chaque motion et chaque leader ayant encaissé au moins 70 % de votes contre lui, on s’oriente probablement vers un Premier secrétaire de compromis.
Celui-ci pourrait être Vincent Peillon, très présent dans les medias ces derniers jours, issu de la Motion E (Royal) arrivée en tête et pouvant incarner une certaine relève générationnelle. Le zigue est habile. Il sait manier la langue de bois (ce matin encore sur France Inter) mais est aussi un intellectuel de valeur. Mais en tant que député européen et donc quasi hors sol, il présente un déficit de racines dans un parti nourri d’élus locaux. Mais rien n’est sûr, il faut ménager le suspens. Oui, tout est possible au Parti socialiste…
PS : Je n’irai pas à Reims, pris par des chantiers pour moi plus essentiels. Mais j’y ai quelques antennes…
PS 2 : Dans les Deux-Sèvres, on rigole bien aussi. La seule candidature au poste de Premier fédéral était celle de Rodolphe Challet (A), déclarée selon les formes lors du congrès fédéral de Vouillé. Depuis, deux candidatures sauvages (déclarées après ce congrès) s’étaient manifestées notamment par voie de presse, celles de J-M Gomes-Teixeira (B) et de Fathi Bentabet (C). Une commission ad hoc a validé mercredi soir ces candidatures. Mais Gomes-Teixeira n’est plus candidat… Il n’est plus candidat non plus à la section de Niort où l’on retrouve Fathi Bentabet (C) et… Martine Courjaud (motion C elle aussi) en challengers du sortant Pierre-Yves Marais (A). La motion C affiche une belle vitalité démocratique à Niort ;-)