L'oeil indiscret de VENUSIA pour RELATIO.
Assez ! Ne tirez pas sur la ficelle : il n’y en aura bientôt plus. Voici la première révolution du string : Le C-string… Une pièce unique, moulée, qui tient toute seule. Les américaines en raffolent (paraît-il) : les Européennes n’y résisteront pas. Elégance et discrétion. A quand le string tampon ?...
Ma copine Leila qui mange du sable dans le midi en a vu sur les plages : il offre même une excellente alternative au traditionnel bikini, parce qu’il permet de bronzer sans laisser de traces d’élastique. On n’arrête pas le progrès. Le string était une invention dont seuls les hommes sont capable :le vêtement qui déshabille. Le string C, c’et le vêtement qui met à nu. C’est strong, non ? Comme dit l’écrivain Vincent Engel, en se référant au zodiaque, chinois, nous sommes vraiment dans l’ère (l’aire) de la raie.
A propos de raie, une curiosité étymologique :la fesse, en (bas) latin « fissa », c’est la fente, la fêlure, la fissure, pas ces bosses qui encadrent la raie…Passons. Culotte, çà vient d’où, à votre avis ? Du latin aussi : culus… Rien à voir avec culte qui vient de cultus, dérivé de colere (adorer), ni avec culture : cultura… J’arrête ; cela devient cucu. Il n’y a vraiment pas de quoi se taper le cul par terre… le ridicule ne tue pas, mais il fait tomber sur la culasse. Comme la deuxième « string-révolution »…qui déferle déjà sur le net.
Assez ! Fini de sourire, de rire (et parfois, sur des émules de Botticelli, de pleurer) sur ce string qui dépasse du jean. Volontairement, ce qui est parfois plus vilain que coquin. Ou involontairement, ce qui est toujours gênant et souvent vulgaire. Les Japonais (qui adorent tellement les fesses qu’ils en ont fait des bonbons) ont lancé le string jean.
Le string intégré au jean. J’en ai vu à la grande braderie d’été de ma (prude) ville : cela va faire fureur. Les amateurs de buzz le prédisent… Attention à la rentrée scolaire : le débat sur l’interdiction du string à l’école, déjà lancé avec le string-ficelle, va rebondir et s’amplifier. Après la querelle du voile qui habille la face, la polémique du string qui déshabille les fesses.
Ah ! Le string… Sur internet, où les blogstring connaissent un belle audience et où avait été lancé en 2001 j’ai lu que le « string est le graal de la lingerie ». Quelle quête ! Moi, j’ai un coté sans-culotte (héritage de mon époque révolutionnariste, sans doute)… Mais je comprends celles qui en ont fait un outil de séduction ou de provocation. Je comprends moins celles qui en font un totem de leur libération… Femme libérée, femme stringuée ?
Un peu d’histoire… Cette invention des années 70 est née voilà bien longtemps dans des contrées bien lointaines…
Assez paradoxalement, le string existait en effet ....avant la culotte. Son origine, remonte très loin dans l'histoire. De nombreux peuples dits « primitifs » ont porté (et pour certains portent encore) pendant des siècles ce qui pourrait être considéré comme l'ancêtre du string : une simple bande de feuilles, de branches ou de tissu dans l'entrejambe reliée à un lien autour de la taille. Des générations de danseuses exotiques ont porté ce qu ressemble à un string avec un avantage : le string sied bien aux collipyges (çà, çà vient du grec…) Mais la perfection n’est pas un produit de consommation de masse… Même dans les boites où des stripteaseuses jouent les Venus et les Aphrodite du pauvre (d’esprit) en donnant tout son sens à l’expression « la peau des fesses »
Le string d’aujourd’hui est en fait une exportation brésilienne. D’où l’appellation (non contrôlée) de « slip brésilien ». Sur les plages, d’abord. Surtout dans les années 80 où fleurissent bien des variantes, dont les tangas. Dans les années 90, il gagne du terrain : influence de la pub. Il se popularise, devient plus qu’une mode : un « phénomène de société ».Il représente aujourd'hui le plus gros du volume des ventes des sous-vêtements féminins. Banal, le string… Détrônée, la culotte !
Pourtant, (nous l’avons trop oublié !) la culotte était une conquête, un outil et un symbole de l’émancipation féminine, un de ces dessous qui ont fait que les femmes ont pris le dessus…ou presque.
« Porter la culotte » : signe d’une supériorité mâle ! Car la culotte, au Moyen Âge, n’était qu’un attribut masculin. À l’homme la culotte, les responsabilités, les décisions. Les historiens sont formels : « Au XVIe siècle, Catherine de Médicis a bien imposé le caleçon aux dames de sa cour, mais ce n’est qu’après une lutte de plusieurs siècles et l’arrivée de fortes têtes comme George Sand et Colette que les femmes ont véritablement porté la culotte. Puis le pantalon, car il s’agit bien du même combat. »
La culotte, le slip, le caleçon, les dessous - cette petite chose que toute femme juge bien naturelle aujourd'hui n'existe donc que depuis un siècle. Une exception, toutefois, (il y en a toujours) : « Les Italiennes connaissaient les caleçons longs en soie, lin ou velours dès 1510.Toutefois, une dame digne de ce nom demeurait dénudée sous ses jupes, comme cela se seyait pendant très longtemps. », explique l’historien de Sloggi (c’est de l’info, non de la pub).
Mais, je pille encore Sloggi, « au XVIIIième siècle encore, il était inconvenant que des dames portent des dessous. Ceux-ci étaient réservés aux femmes, âgées ou malades, qui craignaient le froid ainsi qu'aux servantes qui recourraient à cette protection uniquement lorsqu'elles nettoyaient les fenêtres.
Les culottes généreuses et bouffantes devinrent la mode à l'époque de la Restauration, donc dans la première moitié du XIXième siècle. Seulement, elles n'étaient destinées qu'à l'usage exclusif des petites filles.
Les circonstances qui ont fait qu'elles au moins aient droit de porter des culottes qui étaient même visibles (!) sous les jupons sont dues au philosophe Jean-Jacques Rousseau, lequel avait plaidé dans « Emile » en faveur du droit des petites filles de s'ébattre comme les garçons, donc d’être vêtues, d’une manière ou d’une «en bas ». Comme quoi, les philosophes des Lumières avaient de l’influence, plus que ceux de l’électricité…
Mais dès l'âge de douze ans, c'en était fini de leur liberté de mouvement. Elles durent quitter leurs sous-jupes et mettre désormais des jupes longues, les cuisses à nu. Ce n'est que vers le milieu du XIXième siècle que les choses changèrent. C'était alors l'avènement de la mode des crinolines, laquelle donna bien du fil à retordre.
Ah ! Ce temps des crinolines. Comment pouvaient-elles faire ? cela m’a toujours intriguée. J’ai essayé,un jour, pour un bal masqué : j’ai très peu dansé. Il est sûr qu’avec cet équipement, on tient son cavalier à distance…
« Lorsqu'une dame prenait place, le panier métallique se soulevait immanquablement, offrant une vue impudique sur les parties inférieures de l'anatomie. En revanche, si madame se courbait, l'armature se soulevait jusqu'aux hanches et découvrait le fessier. Il fallait y remédier en ayant recours à de longues gaines-culottes en coton ! », explique-t-on sur Sloggi
« Elles étaient faites en deux parties ouvertes entre les jambes et uniquement nouées au niveau de la taille. Les Anglais les appelaient « les Indicibles ». Pour les Français, elles étaient les « Indispensables », En Allemagne, c'était tout bonnement des « culottes ». L’Europe unie dans sa diversité…
Ce n'est qu'en 1928 qu'apparurent les modèles de petites culottes telles que nous les connaissons aujourd'hui et qui étaient d'abord destinées aux enfants. A l'aube de la Première Guerre mondiale, il devint de plus en plus naturel pour les femmes de porter des dessous afin de répondre à leur besoin de mouvement. De plus, les ourlets de robe avaient tendance à se rehausser, de sorte qu'une certaine protection devint de mise. Or il fallait attendre 1949 avant que le tout premier slip soit littéralement présenté au public. Effets positifs du …tennis ! Parce qu’une femme est montée au filet..
A Wimbledon, la joueuse de tennis américaine Gusie Moran est entrée dans l’histoire malgré une défaite….Elle portait une courte jupe de tennis et en dessous une culotte intégralement agrémentée de dentelle ! Il a fallu encore bien des années d’évolutions des moeurs (et des progrès dans le textile) pour la culotte ne soit plus un tabou…
Une belle histoire, non ?
Pour terminer cette chronique si cul-turelle, j’ai recours à un poète fabuleusement fabuliste…
« Du temps des Grecs, deux sœurs disaient avoir
Aussi beau cul que fille de leur sorte ;
La question ne fut que de savoir
Quelle des deux dessus l'autre l’emporte :
Pour en juger un expert étant pris,
A la moins jeune il accorde le prix,
Puis l'épousant, lui fait don de son âme ;
A son exemple, un sien frère est épris
De la cadette, et la prend pour sa femme ;
Tant fut entre eux, à la fin, procédé,
Que par les sœurs un temple fut fondé,
Dessous le nom de Vénus belle-fesse ;
Je ne sais pas à quelle intention ;
Mais c'eût été le temple de la Grèce
Pour qui j'eusse eu plus de dévotion. »
Eh ! Oui Jean de La Fontaine. Un texte de « Contes et nouvelles en vers », extrait d'Athénée. Aujourd’hui, nous avons beaucoup parlé du bas. Un autre jour, nous nous attarderons sur le haut….VENUISIA