Le danger invisible

Publié le 13 novembre 2008 par Marc Lenot

Poursuivant son travail sur les catastrophes, Guillaume Herbaut nous montre ici le danger auquel nul ne peut échapper : Slavoutich, ville construite pour les rescapés de Tchernobyl, mais qui s’est révélée être elle aussi contaminée. C’est à la galerie Paul Frèches jusqu’au 20 décembre.

Ce mal que nul ne voit rend tout menaçant. Ces photos de la forêt ukrainienne cachent-elles une lueur suspecte ? Ce n’est peut-être que le lever du soleil, image de bonheur et de sérénité, mais si c’était la lumière d’une explosion ? Le danger est partout, invisible, terrifiant : ici des rats contaminés, là des enfants handicapés, on ne peut oublier.

La figure du pédiatre-chef aux yeux tristes se voudrait rassurante, sur ce fond de papier peint désuet, blouse blanche et instruments du savoir autour du cou. Mais un sentiment d’impuissance héroïque flotte autour de lui, émanant des murs de l’hôpital et du sourire dérisoire des enfants sans espoir.

L’espoir, il n’est que là, sur ce monument grandiloquent entouré de portraits des martyrs, mais où le héros soviétique, qui semble affublé d’une étrange perruque assyrienne, proclame envers et contre tout qu’il va bâtir un monde meilleur. Tenant à bout de bras deux câbles électriques, sa posture rappelle celle des maîtres des animaux mésopotamiens domptant les serpents. Mais qui va croire son slogan ? Qui va s’engager à coeur joie dans ce monde meilleur au milieu des ruines de l’ancien, des séquelles indicibles des désastres passés ?

C’est tout le talent de Guillaume Herbaut de savoir recréer, avec une petite série de photos en ligne, l’atmosphère des lieux mortifères qu’il a visités et de reconstruire leur mémoire pour nous.

Photos courtoisie Galerie Paul Frèches.

Profitez-en pour découvrir ce très bon blog sur la photographie.