PERSEPOLIS (film d’animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, 2007)
Jusqu’au 21 novembre sur les différentes chaînes de Canal+
La petite Marjane, dont les parents et la grand-mère sont de gauche et sautent de joie à la chute du Chah, envisage pendant un temps de devenir prophète. A 8 ans, on a bien le droit d’avoir des ambitions démesurées. Puis la révolution, qui amène au pouvoir les fous de Dieu, la guerre contre l’Irak, qui justifie les pires exactions de ces maniaques de la bondieuserie, transforment la petite Marjane : elle dit merde à Dieu, et tente, vaille que vaille, voile que voile, d’être une jeune fille de sa génération, qui aime les Bee Gees, porte un badge de ce suppot de Satan qu’est Michael Jackson, et porte des chaussures interdites : des baskets. Alors qu’elle entre dans l’adolescence, ses parents l’envoient en Autriche, où elle découvre la liberté, certes, mais où sa grand-mère lui manque, elle qui met du jasmin entre ses seins pour sentir bon. Elle redécouvre l’opulence après avoir connu les rayons vides des supermarchés iraniens, mais ne comprend pas pourquoi ces nantis d’Autrichiens semblent si blasés.
Très peu d’images en couleurs, peu de niveaux de gris, sauf pour les décors : des personnages en noir et blanc, uniquement, peut-être pour souligner l’effroyable manichéisme des totalitarismes, où on n’hésite pas à incarcérer les oncles des petites filles parce-qu’un jour ils ont imaginé que les prolétaires de tous les pays feraient un détour par le leur.
Un film excellentissime, que je regrette d’avoir loupé lors de sa sortie en salle.
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