La grande majorité des biologistes n'est pas de cet avis et notamment deux de leurs représentants majeurs : M. Parrot, président de l'Ordre des pharmaciens et M. Benoît, président du Syndicat des Biologistes. Ils sont opposés à cette ouverture complète du capital et le lui ont fait savoir au cours de ces rencontres (où, comme prévu, les biologistes sont restés très calmes - ce qui a été à l'origine d'un débat houleux au sein de la profession, ce calme a été considéré par les uns comme un lâche abandon, là où les autres y voyaient plutôt la preuve de professionnels dignes et adultes qui reçoivent poliment leur ministre de tutelle).
Ces prises de positions publiques, apparement inconciliables, auraient dû annoncer en fait le début des négociations pour la rédaction de l'ordonnance. L'enjeu étant bien sûr la mise en place des règles d'ouverture du capital et la définition des responsabilités médicale et sociale des biologistes dans leurs futurs labos. En un mot, les biologistes conserveraient-ils oui ou non, la maîtrise de leur outils de travail, ce qui a été le cas depuis 1975 !
Le timing est au stratège ce que l'arc est au soldat : une arme redoutable*.
C'est à cet instant précis que Bruxelle décide de s'en mêler et de peser d'un poids non négligeable dans ces négociations, puisque hier (12/11/08) et d'après l'agence de presse APM et le site Romandie News, des inspecteurs de l'UE ont perquisitionné les locaux de l'Ordre des pharmaciens "pour soupçon de pratique anti-concurrencielle".
Il reste à Bruxelles à détailler le cadre juridique exact de cette enquête mais il semblerait que ce soit lié à la plainte qu'a déposé LABCO, une "chaîne" de laboratoires (dont le site est difficilement accessible au moment de la rédaction des ces lignes), contre le Conseil de l'Ordre des pharmaciens. Le SDB a publié en mars 2008 une note qui détaille cette plainte.Avec cette pression européenne sur le gouvernement, le dossier de la réforme devient de plus en plus complexe et la profession s'inquiète de voir ses marges de négociations s'amenuiser. Sa febrilité se ressent à travers les sites et forums spécialisés de la profession. Ce serait une erreur de penser qu'il s'agit là de soubresauts d'un microcosme car si la biologie médicale bascule du côté obscur de la finance, nous aurions beaucoup à perdre notamment, la qualité des soins, des milliers d'emplois et la pérennité de notre système de financement de la santé.
Je vous rappelle, étouffé par le brouhaha médiatique, le site de l'intersyndicale avec les arguments de notre profession contre l'ouverture complète du capital des labos et la pétition à signer.GdM*Ce n'est pas de Sun Tzu ou alors je n'ai pas fait exprès.