A la veille du Congrès socialiste de Reims où je serai présent, bien malin qui pourrait évoquer son déroulement. Les leaders des différentes motions (excepté Gérard Collomb qui n'était qu'un prête-nom de Ségolène Royal) se gardent bien d'abattre leurs cartes. L'ancienne candidate à l'élection présidentielle fait un forcing médiatique qui ne lui avait trop mal réussi avant que Nicolas Sarkozy ne devienne le meilleur grâce à son réseau de copains et de propriétaires.
Benoit Hamon assure qu'il pourrait très bien s'entendre avec Martine Aubry qui ne dit rien mais laisse dire. La maire de Lille avance patiemment ses pions, rencontre les amis des uns et des autres pour devenir incontournable dans la capitale champenoise. Bertrand Delanoë a compris que si Ségolène prend le parti, il en sera quasiment terminé de ses ambitions présidentielles. Comme il est soutenu par les jospinistes qui ne veulent surtout pas de Ségolène, Martine Aubry totalise des renforts connus ou probables qui pourraient rendre sa motion incontournable politiquement : « D'abord la ligne politique, les alliances ensuite. » C'est ce leitmotiv qu'elle a avancé pendant toute la campagne d'avant le vote des militants. Rien ne dit, d'ailleurs, qu'elle se présentera au poste de premier secrétaire. Sur RTL-LCI, interrogée par Jean-Michel Apathie, elle avait eu cette réponse madrée : « je prendrai mes responsabilités ». Ce qui permet de la mettre à égalité avec Ségolène qui assure : « j'ai envie de devenir première secrétaire »…ce qui ne veut pas dire qu'elles seront candidates. Tout va se jouer à Reims et après Reims. Le jeudi 20 novembre, en effet, les futur(e)s candidat(e)s ont rendez-vous avec un nouveau vote des militants qui désigneront le premier secrétaire national, le premier secrétaire fédéral et les secrétaires de sections. Ségolène Royal compte sur un réflexe pavlovien des socialistes en souvenir d'une campagne présidentielle du genre « aimez-vous les uns les autres »…ou disparaissez !
Je sens que nous allons vivre un congrès chaud bouillant. L'objectif : construire un parti socialiste renouvelé, bien à gauche, animé par un(e) premier(e) secrétaire très opposé à Nicolas Sarkozy et aux mauvais coups de la droite. Pas question d'alliance avec le MODEM de François Bayrou qui lorgne sur la seconde place d'un premier tour aux prochaines présidentielles. Le Béarnais se voit bien tondre la laine du mouton socialiste. Attention François, au coup de bélier.