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Recensement 4 (État des mers)
La mer parle. Et se tait. Dans le silence de la mer des bavards révèlent ce qui n’existe à haute voix qu’aux époques de grand courage. Papotis de surface et clabaudements. 11 août dix heures trente une mer chaude soulève son pelage. Elle dodeline des replis de toison. La mer respire dans le poil sombre de la mer, roulant son ventre contre ses fonds. 5 septembre dix-sept heures une mer végétale couche son herbe sous la pluie, mer forestière à longue branches de mélèze coupé. Elle torsade son lierre et pose sur la plage ses pales pattues de nénuphar. 21 janvier trois heures : une mer bise râpe son dos de pierre ponce. Mer anthracite coulée à pic en dedans de la mer. 18 mai douze heures dix la mer éponge dans ses pores. C’est une mer muqueuse qui se pourlèche à coups de vagues charnues. La mer lampe la mer comme un biscuit trempé et clapote dans sa bouche. 13 juillet n’importe quelle heure : mer lisse et plate et simplement relayée de traits. Elle se lave d’oubli ou de mémoire. Mer cénotaphe et nos prisons de plexiglas.
Claude Ber, Sinon la transparence, Éditions de l’Amandier, 2008, p. 106.
CLAUDE BER
Source
Voir aussi :
- (sur Terres de femmes) une note critique sur La mort n'est jamais comme ;
- (sur Terres de femmes) Claude Ber/Je dis mer (extrait de La mort n’est jamais comme) ;
- le site de l'écrivain Claude Ber.
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