L'autre jour, quand j'entrais dans une librairie (évènement qui arrive assez fréquemment dans ma vie), mon regard a été attiré par un étalage à l'entrée : y étaient présentés des livres des éditions 10/18, en vrac. Ce qui m'avait marquée alors, c'est le nombre et la variété de policiers historiques qu'on y trouvait : meurtres dans l'Europe des Lumières, crimes au milieu du XIXème siècle, enquêtes en plein Moyen-Age, etc. J'avais déjà tenté l'expérience avec un roman d'Ellis Peters, le premier tome des enquêtes de frère Cadfael, et c'est une lecture que j'avais appréciée. A présent, c'est grâce à Isil que je me suis plongée dans la découverte d'un autre auteur reconnu de policiers historiques : Anne Perry. Et cela, avec le premier tome de la série " Charlotte & Thomas Pitt" , à savoir L'étrangleur de Cater Street .
Voilà un roman léger qui tombe à point nommé : j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture détente. Passé un premier chapitre quelque peu laborieux, le lecteur entre petit à petit dans l'histoire jusqu'à ne plus oser fermer le livre avant sa dernière ligne. C'est que L'étrangleur de Cater Street , comme tout roman policier qui se respecte, doit son intérêt à une intrigue certes classique mais bien construite, avec un flou qui plane jusqu'aux dernières pages, pour un dénouement qui m'a semblé inattendu - bien que les choses aient été préparées depuis bien longtemps.
Là n'est pas le seul intérêt de cet ouvrage : le roman d'Anne Perry a le mérite de nous plonger dans l'Angleterre victorienne, dans une atmosphère qui n'entre pas en contradiction avec les écrits de l'époque. Au fil de ma lecture, certaines pages m'ont rappelé le propos de Dickens, d'autres baignaient dans une ambiance à la Jane Austen ; quant au personnage de Charlotte, il m'évoqua parfois les figures féminines des romans des soeurs Brontë ... De cet ouvrage se dégagent des thèmes récurrants : la place des femmes dans la société anglaise de l'époque, la rigidité des moeurs et des convenances victoriennes. Et en cela, il me semble que la description est réussie : je me suis plongée dans cette ambiance reconstituée avec plaisir, et j'ai suivi le déroulement du récit avec intérêt.
Il y a cependant un point noir que j'ajouterais : la langue. Vu que je ne lis pas l'anglais dans le texte, j'ai découvert Anne Perry en traduction, alors je ne sais pas vraiment à qui m'attaquer. Commençons par le plus général : des phrases courtes, parfois assez lourdes, viennent briser le rythme d'ensemble du roman ; de même, certaines répliques sonnaient parfois faux. Avant d'écrire cette petite note, je suis allée fouiner ça et là pour voir ce qu'en disaient des collègues blogueurs, et j'ai lu partout que le style était fluide, agréable à lire. En cela, je ne suis pas d'accord : ma propre lecture a parfois été gênée par quelques lourdeurs ... Et surtout, (mais dans ce cas je suppose un vice de traduction) par des incorrections et des fautes de grammaire. Je n'ai plus d'exemple précis en tête, à part un " voire même " qui se baladait impunément en début de roman (mais il paraît que ce n'est pas vraiment une faute, ça ...). Toujours est-il que j'ai buté contre certaines tournures, certaines constructions, ce qui n'est jamais très agréable.
Toutefois, cela ne m'a pas empêchée de garder un bon souvenir de cette lecture, et je ressens l'envie de continuer la série avec le deuxième tome, Le Mystère de Callander Square. D'autant plus que la fin du roman laisse un peu le lecteur sur sa faim !
L'étrangleur de Cater Street se trouve donc être un livre idéal pour se détendre un peu, entre des lectures plus conséquentes et/ou imposées. Une façon de se (re)poser un peu, avant de repartir vers de nouveaux horizons. Me voilà donc très satisfaite de cette petite découverte.