Et si elle dépose son bilan

Publié le 12 novembre 2008 par Kalvin Whiteoak

Dans n’importe quelle république non bananière, l’UBS étatiquement “sauvée” dont la valeur du titre continue de descendre jour après jour et dont l’illiquidité croit simultanément (voir IBOR ou Libor), le bon sens et surtout les obligations légales auraient déjà conduit tant son conseil  d’administration que son organe de révision externe à demander au moins un ajournement de faillite ou à déposer le bilan.

Il apparaît en effet clairement actuellement que la non-confiance dans la grande banque nationalisée est tellement mince que plus de la moitié de la valeur de ses fonds propres restant est entamée (article 725 alinéa 2 du CO). Sans doute pas en Suisse, voyons, là où même le chocolat est d’or et les principes comptables adaptables à la taille du problème …

Au 30 septembre 2008, la valeur comptable des fonds propres de cette chère UBS était de l’ordre de 46 milliards de francs (page 67 du rapport aux actionnaires du 4 novembre 2008). Au train où vont les choses, et notamment les dépréciations de produits d’investissements divers, et compte tenu aussi de la nouvelle mesure étalon qu’est le milliard de US dollars à laquelle gouvernants, banques centrales et citoyens lambda se sont habitués ces dernières semaines, il ne fait guère de doute que le bilan même apuré de ses plus folles “aventures” nécessite encore un petit pourcentage d’amortissements …

Or lorsqu’on applique un petit 5 % au total des actifs (1 seul sur 20 serait donc encore toxique ), on doit prendre le 5 % de 2000 milliards de francs, soit 100 milliards. Passez muscade et l’on comprend pourquoi le titre ne vaut même pas aujourd’hui la valeur substantielle comptable de la banque au 30 septembre (ce soir Fr. 16 environ soit une valeur boursière totale de Fr. 45 milliards).

Nos aimables édiles ont prévu de verser 6 milliards dans l’entonnoir sans fond le 4 décembre. Bien, en contrepartie, on reçoit des intérêts nous dit-on et des actions UBS …. sauf que si le 5 décembre UBS dépose son bilan, on voit assez mal  a) comment elle continuerait de verser des intérêts à la Confédération  et b) quel intérêt il y aurait à posséder des actions d’une banque en faillite.

Ce cas de figure que personne ne veut évidemment imaginer n’est pas aussi surréaliste qu’il y paraît au premier abord. Les calculs assez sommaires ci-dessus le démontrent.

Ce qui est étrange est qu’il n’est pas prévu dans les accords passés avec la banque, et n’a pas été présenté aux parlementaires comme faisant partie de l’éventail des possibles … à suivre donc, car si en plus “on” verse pour ne rien voir revenir du tout, les milliards en question seraient sans doute mieux ailleurs.