Etgar Keret est un écrivain israélien, né à Tel-Aviv en 1967. Il dit que la nouvelle l'a choisi. Mais il est aussi scénariste de bande-dessinée et réalisateur. Quelques titres : "Pipelines", "Un homme sans tête et autres nouvelles".
Un magicien qui sort de son chapeau une tête de lapin tranchée.
Un fils qui offre une brosse dorée à son père pour qu'il se nettoie le nombril.
Un gars qui traverserait les murs pour sa copine.
Un homme qui sort de la synagogue et qui attend d'être à la maison pour frapper à mort sa femme.
Un amoureux qui est avec Ronnie depuis six mois et qui voudrait qu'elle retire sa chemise.
“Crise d'asthme”, ce sont quarante-huit récits très courts. Ce sont des petites nouvelles à chute. La définition est inexacte : “nouvelles à chutes” serait plus juste. Les textes sont bel et bien courts mais heurtants et dérangeants alors la chute, elle vous guette constamment. Notez, ça donne un temps de lecture plus long, le temps de se ramasser, de se relever et de poursuivre à pas de velours, comme on avancerait sur un terrain miné. Les personnages ont des envies de tuer ou des rêves d'amour, ce n'est pas nouveau. Ce qui l'est, c'est de parvenir à nous donner l'illusion que l'ahurissant est normal et la réalité plus bizarre que le rêve des personnages. Tantôt extravagantes, tantôt étranges, fantastiques ou humoristiques, les situations déjouent l'attente du lecteur. On pourrait s'agacer d'être ainsi désarçonné. Et bien non. Keret racle au plus près du sentiment. Il le dépouille du non sens de l'existence et vous le rend à vif.
Si je le connaissais, Keret, je lui dirais : “Arrête, Edgar, t'es pas drôle”.
Et je le relirais.