Avec Isabelle Huppert, Olivier Gourmet, Adélaïde Leroux, Madeleine Budd, Kacey Mottet
Au milieu d'une campagne calme et désertique s'étend à perte de vue une autoroute inactive, laissée à l'abandon depuis sa construction. Au bord du bitume, à quelques mètres seulement des barrières de sécurité, se trouve une maison isolée dans laquelle vit une famille. Les travaux vont reprendre et annonce l'ouverture prochaine de l'autoroute à la circulation.Les relations familiales vont se détériorer en même temps que les voitures passent de plus en plus nombreuses devant les fenêtres de la cuisine.
Entre comédie, fantastique, satyre grinçante, thriller burlesque et science-fiction, la petite tribu installée par la réalisatrice dans Home vit son quotidien loin des aléas de la ville. Sur une petite partie d'autoroute désaffectée et qui qui ne mène nulle part, en pleine campagne, la mère (Huppert) attend le retour de son mari (Gourmet) pendant que, le fils Julien (Kacey Mottet Klein-une révélation) farceur comme tous les gamins de son âge, joue dans le bain bientôt rejoint par sa jeune soeur (Madelein Budd). Tout ce petit monde joue au "hockey" sur cette petite portion de route quasi neuve, mais non terminée., voir se déplace avec la petite trotinette metallique du petit, même maman! Des rêveries de Gourmet goûtant le soir venu, aux joie d'un repos bien mérité, le regard porté vers les étoiles, assis entre un vieux B.B.Q rouillé, et une vieille piscine vide en urgente instance de réparation, le bronzage que la fille aînée (A.Leroux) alanguie dans son transat, entretient au son de la musique hard délivrée par ses écouteurs d'un autre monde posés sur sa tête, et la maman qui s'en en donner l'impréssion règne sur ce petit monde façon branquignols, la vie s'écoule paisiblement au jour le jour! La matin le père part au boulot dans ce qui ressemble à un vieux break rouillé, tandis que sa femme, chaussant ses talons aiguilles, parce que même à la campagne, on n'oublie pas les habitudes de la ville, celle d'être toujours bien habillée dès qu'on sort de chez soi.... franchit en vascillant, mais la vie n'est-elle pas en perpétuel déséquilibre, la barrière d'en face, avec ses deux ados, afin qu'ils puissent se rendre à l'école. Au retour, elle s'occupera du linge, en veillant à bien séparer le blanc des couleurs. Une vie toute simple quoi, rythmée par les quelques flash infos délivrés par la radio, un petit luxe quand même dans cette semi-retraite....Voilà planté le décors de ce qui au départ donne l'impression d'un beau portrait de famille bien lisse, baba-cool et bien brossé. Ce ne sera bientôt plus qu'illusion! Ne vient-on pas d'apprendre via le transistor, que l'autoroute va être très bientôt ré-ouverte à la circulation? Evènement qui va bouleverser complètement la donne, même si la famile dans un premier temps essayera tant bien que mal de le prendre du bon côté en pariant sur la couleur de la première voiture qui franchira leur seuil. Mais au fil des vrombissements de bagnoles défilants telles un festival de Rio en folie, les boules quies seront bientôt de rigueur. C'est dans ce capharnaum que les premières fissures vont faire leur apparition, montrant les limites de la solidité familiale.... Après avoir choisi "l'exil" voilà la famille plongée dans l'enfer de la ville à la campagne, avec tout ce que cela comporte comme inconvénients, le bruit des bagnoles, le va et vient obsédant, les gaz d'échappements, les bouchons devant la porte, et les détritus abandonnés, comme aux plus beaux jours des migrations estivales. Bref, elle aura beau s'accrocher à leur Home, la famille ne va pas tarder à être envahie par une dangereuse résignation, allant jusqu'à se murer à l'intérieur de la maison, en guise d'abandon, mais aussi sans doute, pour échapper à tort, à tout ce qui leur rappelle la ville, et à ce qui est en train de détruire leur petit bonheur si chèrement acquis. D'une première partie drôle, réjouie, tendre, on tombe dans la seconde comme on tombe dans un mauvais rêve, mais un rêve superbement mis en scène par Ursula Meier..La famille se déchire, la colère s'installe, les enfants deviennent les témoins attérès de la dislocation du couple, et tout ce petit monde se mure, au propre comme au figuré. Cependant, alors que la détresse et l'angoise envahissent les lieux, les longs silences dans un maison qui sent la sueur, le renfermé, la crasse et le désoeuvrement, la lente descente aux enfers par la prise de barbituriques, sont cependant magnifiquement mis en scène par la réalisatrice. Cette dernière m'a confié que les conditions de tournages avaient été très éprouvantes, à savoir toute l'équipe, le caméraman, le cadreur, le preneur de son et les comédiens dans un espace réduit sans air et sans lumière. Le résultat n'en est que plus louable! La suite à l'écran.
Bayard de la meilleure photographie au festival du film francophone de Namur.
Semaine de la Critique à Cannes 2008
Brèves:HOME produit par Need productions (BE) Archipel 35 (FR) et Box productions (CH), vient de dépasser les 50.000 entrées en France lors de son deuxième week-end d'exploitation et 30.000 entrées en Suisse en trois semaines."
HOME sortira ce mercredi 12 novembre en Belgique (Bruxelles UGC Toison d’Or – Liège Le Parc/Churcill – Charleroi Carollywood – Mons Imagix – Namur Cameo et Gand Sphinx).