Le 11 novembre 1998, Lionel Jospin avait parlé à Craonne de « réintégrer pleinement dans notre mémoire collective nationale » les mutins de 17 et autres fusillés pour l’exemple. Dix ans après, à Douaumont, Nicolas Sarkozy n’a pas osé risquer le mot « réhabilitation ». Dommage, il eut pourtant joué là un joli coup médiatique et rendu enfin justice à ces réfractaires à l’absurde boucherie, à ces poilus martyrs exécutés « pour l’exemple » sur ordre de hauts gradés sanguinaires qui, eux, moururent dans leurs lits douillets bien après la fin des hostilités…
Rendons cependant grâce à Sarkozy que ses propos ne sont pas en retrait sur ceux de Jospin : « …je veux dire au nom de la nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s’étaient pas deshonorés, n’avaient pas été des lâches, mais que simplement ils étaient allés jusqu’à l’extrême limite de leurs forces. » Mais il n’a pas franchi le pas lui non plus. Il faudra sans doute attendre la commémoration de 2018 pour que le Président du moment ose enfin lâcher le mot qui fâche… mais qui fâche qui encore ? On se le demande.
PS : Il y a trois ans déjà, j’avais causé de Jospin et les mutins.
PS 2 : Lundi soir au très beau musée Bernard d’Agesci (Niort), j’ai assisté à une excellente évocation de la Grande Guerre, de ceux qui en souffrirent et des rares qui tentèrent d’y résister par les historiens Maurice Moinard, Jacques Garandeau, Claude Morillon et un guitariste qui entonna la Craonne .