Le "cavalier seul" de Sarkozy et l'accord nucléaire franco-libyen : Amertume et inquiétudes à Berlin

Publié le 28 juillet 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

SELECTION RELATIO dans LE FIGARO;  LE « STYLE SARKOZY » met Berlin en émoi. La signature d'un accord nucléaire entre la France et la Libye a provoqué une vague de critiques sans précédent dans la classe politique allemande, au-delà des divisions partisanes. Outre le rapprochement avec Mouammar Kadhafi, qualifié de dictateur par le coprésident des Verts Reinhard Bütikofer, cet accord est perçu comme une entrave aux intérêts économiques et diplomatiques allemands, non seulement en raison de la promotion du nucléaire qu'il implique, mais aussi parce qu'il a été négocié sans avoir tenu Berlin informé.

La chancelière Angela Merkel, en vacances depuis deux jours, gardait le silence hier soir. Mais le conservateur Ruprecht Polenz (CDU), président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, a appelé la France à prendre en compte les intérêts de ses alliés. « L'accord des partenaires européens fait aussi partie du jeu, a-t-il souligné. La France doit être disposée à renforcer la politique étrangère européenne. Cela ne sera pas possible de cette façon. »
Risque de prolifération
À gauche, Nicolas Sarkozy est ouvertement accusé d'avoir pris part aux négociations pour la libération des infirmières bulgares dans l'unique but de défendre les intérêts économiques français. Le vice-président du groupe parlementaire SPD, Ulrich Kelber a taxé cette attitude de « primaire ». « On ne voit cela que chez les despotes. À côté, George W. Bush lui-même est un enfant de choeur », a-t-il dit.
De manière générale, l'interventionnisme de l'État français dans les affaires économiques est vivement critiqué. L'Allemagne est d'autant plus concernée par le dossier que le groupe industriel Siemens possède 34 % des parts d'Areva NP, chargée de fournir le nouveau réacteur à la Libye. Pour le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Gernot Erler (SPD), l'accord franco-libyen est « politiquement problématique », notamment parce qu'il augmente, selon lui, le risque de prolifération nucléaire. « C'est un domaine sensible dans lequel nous avons besoin de dialogue », a-t-il déclaré au Figaro. « Or, nous constatons que Nicolas Sarkozy choisit plutôt une approche unilatérale. »
CÉCILE DE CORBIÈRE.(Le FIGARO)