Puisque rien ne vient, laissons parler les grands. Après lecture de ce poème, peut être, pourriez vous me parler de vos roses préférées ?
Rose, ô toi la majestueuse, tu n’étais,
aux anciens, qu’un calice avec un simple bord.
Par contre à nous, tu es l’absolu de la fleur,
son infini, l’objet inépuisable.
Si riche, tu parais porter robe sur robe
d’apparat sur un corps qui n'est rien que splendeur ;
mais à lui seul ton pétale, aussi bien,
est l’éviction, le démenti de tout costume.
Depuis des siècles nous appelle ton parfum
de loin, de tous ses noms les plus suaves ;
soudain comme une gloire il est couché dans l’air.
Mais le nommer, non, nous ne savons pas. Nous
cherchons à…
Et voilà que vers lui s’en va le souvenir
que nous quêtions des heures de mémoire.
Rainer Maria Rilke, Les sonnets à Orphée, Editions Points, traduction de Armel Guerne
Image originellement téléchargée par Hamed Masoumi