Un vent plus léger venu d’ailleurs souffle sur les prix littéraires, cuvée 2008. Soudain, on respire mieux. L’écriture se partage donc! D’un continent à l’autre! D’aucuns parleront d’effet Obama. Comme s’il s’agissait d’un phénomène de mode. Peut-être. Peut-être aussi s’avérait-il imposible de ne pas reconnaître enfin qu’on écrit en français, quelles que soient les origines de l’auteur, à Paris et même hors de l’hexagone. Bravo au jury du Renaudot pour ce choix!
A ce sujet, lire dans son intégralité, le bel article de Lisbeth Koutchoumoff, dans “Le temps”. Article référencé en lien ci-dessus à partir du mot “souffle” et dont voici un extrait:
“Depuis 1903, date de remise du premier prix voulu par les frères Goncourt, les écrivains étrangers qui ont pu entrer dans le cercle ne se comptent pas même sur les doigts d’une main. Comme si le concept politique de francophonie, branlante de par ses origines coloniales, marquait de son empreinte souterraine le monde des lettres françaises. Il y a peu encore, lors du Salon du livre 2006 à Paris qui avait pour thème la francophonie, justement, plusieurs écrivains africains, québécois et d’ailleurs encore, s’étonnaient de ne pas se sentir pleinement intégrés à la famille. Comme si les esprits, malgré tous les efforts d’ouverture, ne renonçaient que difficilement à l’idée que la littérature française ne pouvait se façonner pleinement qu’à Paris, ou du moins en France. Les mots, les expressions, les langages nés du frottement à d’autres réalités, lointaines, brassées, mêlées, relevaient d’un ailleurs littéraire qu’il s’agissait de distinguer. Francophone, voilà.”…
Tierno Monénembo , né en Guinée , a choisi l’exil dès 1969. Il a publié de nombreux romans au Seuil, depuis “Les Crapauds-brousse”, qui l’a révélé en 1979, jusqu’à “L’Aîné des orphelins” (2000) et, plus récemment, “Peuls” (2004).
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur
Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier, que les Peuls appelleront Yémé et qui deviendra le vicomte de Sanderval , fonde le projet de conquérir à titre personnel le Fouta-Djalon et d’y faire passer une ligne de chemin de fer. On a presque tout oublié de lui aujourd’hui: il fut pourtant un précurseur de la colonisation de l’Afrique de l’Ouest et ses aventures faisaient le régal des gazettes de l’époque. Au cours de ses cinq voyages successifs, Sanderval parvient à gagner la confiance de l’almâmi, le chef suprême de ce royaume théocratique qu’était le pays peul, qui lui donne le plateau de Kahel et l’autorise à battre monnaie à son effigie. De ce personnage haut en couleur, Tierno Monénembo nous offre une foisonnante biographie romancée. L’épopée solitaire d’un homme, Olivier de Sanderval, qui voulut se tailler un royaume au nez et à la barbe de l’administration française… et des Anglais.
Profitons du regard porté sur cet écrivain guinéen pour retrouver le talent des peintres de ce pays. J’avais écrit en 2004, un essai sur deux d’entre eux,
L’histoire extraordinaire d’Hibrahima Barry et d’Issiaga Bah,
peintres du Fouta Djallon
Certains éditeurs ont trouvé le projet intéressant, mais ont déploré l’inintérêt du public pour la Guinée !
Si l’un d’entre eux changeait d’avis aujourd’hui, le manuscrit est à leur disposition…
Photo de Tierno Monémbo empruntée au site de l’AFP
Photo du timbre de la “Case de Sanderval” existant toujours dans le jardins du musée de Konakry. Empruntée à ce site.
Aquarelle d’Ibrahima Barry: Berger peul.
Tableau d’Issiaga Bah: Les tresseuses du Fouta Djallon.