Peut-être est-il trop évident de dire que Vasco Araújo est un compatriote de Pessoa, trop évident de relever que ces six personnages à l’écran sont tous des avatars de l’auteur, ou en tout cas d’un auteur, que ce soit celui du texte (Pavese), celui de la pièce (Araújo) ou un autre auteur peut-être, deus ex machina inconnu, spectateur-auteur, qui sait ?
Et que dit-elle ? Des aphorismes sentencieux, “il me semble qu’en dormant on n’est jamais seul”. Des phrases qu’on ne sait trop comment cerner, “Nous ne sommes qu’un nom, rien de plus”, un discours qui part tous azimuts. Et puis, soudain, la parole se recentre, les mêmes mots sont prononcés par tous, à l’unisson bien sûr puisque c’est toujours la même voix qui sort de ces bouches diverses, et ils disent tous “Rien n’est stable” ou “Je ne me rappelle plus” ou “Peut-être”. Le tout filmé frontalement, directement, en champ et contre-champ, avec une lumière froide et crue. On pense à ces photos multiples d’Emile Cohl ou de Marcel Duchamp
Le texte est basé sur les Dialogues avec Leuco, de Cesare Pavese, dialogues mythologiques qui inspirèrent aussi les Straub. La pièce, nommée Eco, est la première de la programmation satellite du Jeu de Paume, confiée cette année à la Colombienne María Inés Rodríguez (jusqu’au 4 janvier).