La reine déchue
Pendant 68 jours, elle a connu la gloire, la reconnaissance, les applaudissements, les interviews et l’attention de la terre entière. On l’adorait, l’aimait, détestait, parodiait, personnifiait, méprisait, mais elle ne laissait personne indifférent.
Certains la voyaient même assise dans le fauteuil du président des Etats-Unis. Sarah Palin semblait invincible et même ses folles dépenses en vêtements pour elle et sa famille ne semblaient déranger les grands bonzes du parti républicain. Elle entrait dans nos salons et chambres à coucher tous les jours. La star des médias, la petite darling des républicains, celle qui serait capable de ramener le vote des femmes au parti.
Du jour au lendemain, après son interview avec Katie Couric, son étoile a commencé à pâlir. Les critiques fusaient de partout mais John McCain affirmait dur comme fer chez David Letterman qu’elle était une femme adorable et qu’il était très fier de son choix.
Candidement, la candidate se voyait déjà assise dans le fauteuil du président, mais les bourdes se sont multipliées et les Justiciers Masqués lui ont rivé le clou quelques heures avant le vote final, déclachant une chicane en règle au sein du parti.
Gênés par leur cuisante défaite, les républicains tentent de lui en faire porter tout l’odieux. C’est Sarah la grande coupable et personne d’autres.
A son retour en Alaska, elle était crucifiée sur la place publique. Comme si elle était une pestiférée. Glorifiée et portée aux nues durant deux mois, elle refuse de porter toute la défaite sur ses frêles épaules. Elle a sans doute raison.
McCain avait fait un très mauvais choix et il avait manqué de jugement. Elle n’est pas prête à assumer de telles fonctions. Elle n’a ni l’étoffe, ni l’ouverture d’esprit nécessaires. Adieu tailleurs Chanel et lunettes signées, clins d’œil complices à la caméra et maquilleurs professionnels. La hockey mom renfile ses jeans et part à la conquête d’un autre monde.
Elle peut mettre une croix sur une éventuelle carrière à la Maison Blanche, mais sans doute pas sur une vie publique.
Certains la voient même à la tête d’une émission de télévision, une espèce de Oprah pour les pauvres. Munie d’un bac en journalisme, charismatique et articulée, personne ne serait surpris de ce changement de carrière.
Le New York Post parle même d'un livre sur elle, d'un contrat de plusieurs millions de dollars et de plusieurs participations à des talk-shows.
La politique est un jeu très cruel, mais à 44 ans, sa vie ne fait que commencer. L’échec est cuisant mais il aura servi à la propulser au sommet.
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