Björn Dahlem, Jeppe Hein, Vincent Lamouroux, Guillaume Leblon, Rita McBride, Evariste Rister, Michael Sailstorfer, Hans Schabus.
Exposition du 17 octobre 2008 au 4 janvier 2009, IAC – Villeurbanne Photo: Hiroshi SugimotoMagazine
D’abord vous localisiez l’Institut d’Art Contemporain par le décroché de son parvis sur la rue. Décroché qui n’est plus. Escamoté, comme on dit au théâtre : vous longez la palissade que le soir confond aux façades des immeubles, un peu distrait aussi, flotté par les rumeurs tardives de la ville, et manquez presque l’entrée. Vous relirez tout à l’heure ce que dit cette cloison et la partition qu’évoquent ses découpes. Dans la premières salle que vous abordez, la géométrie froide d’un paysage vide déployant ses ruptures suggère une réalité de synthèse tenant l’équilibre entre territoire virtuel et représentation mathématique du monde (Vincent Lamouroux). Plus loin, deux perches à avalanches comme pour sonder le blanc des lieux (Evariste Richter). Un projecteur qui lance au ciel sa colonne lumineuse, une roue de voiture qui s’use à frotter les murs du musée à la façon d’un road trip absurdement démonté dévidant ses élans romantiques (Björn Dahlem). Une aile de moulin encastrée dans l’espace trop étroit des galeries qui nous évoque irrésistiblement les géants du Quichotte égarés dans les parois d’un rêve (Guillaume Leblon). Enormité impossible au cerveau tordu de l’amateur d’art de ne pas rapprocher de la fameuse roue de bicyclette qu’un facétieux Marcel, il y a bientôt cent ans, enfourchait à l’envers sur un tabouret blanc et regardait tourner comme on s’absorbe dans la contemplation d’un feu de cheminée. Vous passez les salles, chacune dépliant une certaine expérience du vide, soumis bientôt à l’attraction spéciale de spéculations infinies. Il n’est pas impossible qu’après la visite, regagnant la rue tout à fait sombre désormais, une partie de vous s’égare sous la passoire du ciel à bricoler des pensées monumentales. Sous la voussure du crâne, adéquate à la courbe stellaire, le cerveau bercé par vos pas refera ses appartements.