Je suis un fan des mails de Jason Calacanis. Ces mails sont longs en général et nécessitent que vous ayez un peu de temps pour les “ingérer” (le terme n’est pas beau je sais).
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Dans son dernier mail, il nous fait profiter des longues heures passées à auditer les startups qui ont participé au Techcrunch 50 qui récompensait il y a quelques semaines les projets les plus ambitieux (le vainqueur étant le clone de Twitter pour les entreprises Yammer ).
A cette occasion Jason Calacanis a écouté, analysé et synthétisé de grandes tendances pour créer ou gérer au quotidien une société aujourd’hui. En lisant la plupart de ces tendances on ne peut être que globalement d’accord; ses remarques sont vraiment limpides car facile finalement à mettre en place. Je finis en ce moment de monter une société et pour la quasi totalité de ces points je m’y retrouve complétement.
Je vous encourage bien sûr à lire la version originale sur son blog mais pour ceux qui ont la flemme de lire en anglais voici un petit résumé avec quelques remarques perso par ci par là sur les tendances actuelles pour créer et/ou gérer au quotidien une start up.
L’anti gaspi
Ce n’est pas parce que vous avez levé plein d’argent ou que vous en gagnez beaucoup que vous devez voyager en business à chaque fois, que changer de voiture ou de scooter est une décision facile et je ne parle même pas de la rotation des téléphones et des ordinateurs portables. Cette prudence parait évidente mais clairement beaucoup de dirigeants n’ont pas encore compris ou malheureusement pour eux compris trop tard qu’il fallait plutôt voyager sur Easyjet ou Ryanair que sur les lignes régulières des compagnies nationales, qu’un ordinateur pouvait très bien être utilisé pendant 2/3 ans et que la trésorerie de la société devait prioritairement aller pour ceux qui produisent.
Pour illustrer cela Jason reprend l’exemple de ce vieux couple multi millionnaire qui voyage entre New York et Los Angeles et qui malgré leurs dizaines de millions de dollars en banque utilisent la compagnie low cost Jet Blue.
Les coûts de démarrage réduits
Aujourd’hui la crise aidant, il n’est plus indispensable d’avoir de grands bureaux, de gros serveurs et une campagne de communication énorme. Il faut être malin pour ne dépenser que le strict minimum pour démarrer. Les applications faîtes dans un garage ou dans une chambre n’est pas un problème, la colocation n’est pas une honte, au contraire, les dépenses de personnel sont mesurées et peuvent en France être globalement subventionnées dans certains cas. L’activité et le démarrage d’une startup n’est pas fonction des sommes mises au départ sur le compte courant au contraire.
L’avénement de l’autoentrepeneuriat et de la TPE
De par ces coûts de démarrage réduits, l’entreprise est réduite à sa plus simple expression et l’on a souvent des sociétés avec une seule personne voire quelques stagiaires qui gravitent autour pour démarrer quelques projets significatifs et aboutir ainsi à des premiers résultats concrets.
Tout le monde étant concerné, la réactivité et l’inventivité seront bien présentes. Cela permettra peut être d’avoir très régulièrement des changements ou des aménagements dans la stratégie initiale mais ce n’est pas grave ces changements étant dictés par le marché et les clients.
L’ère du “tout tenter”
En partant du principe qu’il faut tout tenter pour se différencier en définissant une proposition de valeurs que d’autres n’ont pas est dans le prolongement de ce Jason a pu dire à savoir on peut changer ou moduler la stratégie initiale très souvent au départ.
Cela implique qu’il faut laisser la place permanente à l’écoute et à l’inventivité. Ainsi le vainqueur du Techcrunch 50 Yammer est un clone professionnel de Twitter. C’est à dire que les créateurs de cette startup ont développé à partir d’une API existante un concept payant pour les entreprises. Ils ont tenté le coup et l’on réussit. Il ne sera pas surprenant que cette startup soit rachetée bientôt.
L’innovation doit être le moteur pour la longévité
La réactivité et l’inventivité des équipes doivent aussi permettre d’innover. L’innovation permet une chose essentielle : voir plus loin et donc plus longtemps. Avoir des idées, les planifier dans le temps permet d’installer le concept sur la durée et donne une véritable stature au projet global.
L’excellence est de mise
S’il y a une tendance lourde pour les nouveaux projets c’est la volonté d’excellence pour chacun des projets. En effet plus aucun projet même si le mot beta est collé au logo encore n’arrive complétement buggué. Aujourd’hui quand un site sort il est souvent de très grande qualité. Les API disponibles, les librairies Open Source aidant les développements ne sont plus les points centraux d’attention. Le design qui était secondaire pour les lancements reprend une place prépondérante et aujourd’hui j’imagine mal un site ou un service se lançait avec une interface moyenne.
Faire émerger sa marque au milieu des autres
Vu la quantité importante de nouveaux services et projets, il sera important de faire émerger sa marque. Les entrepreneurs comme Loic ou Tariq ont vite compris qu’une marque forte accompagnée d’une communication adaptée allait se différencier et booster l’activité de la startup. Des agences de RP comme Ballou PR sont pour moi de parfaits exemples d’accompagnateurs indispensables dans le succès d’un projet (efficace, malin et pas trop cher).
Se concentrer sur les revenus ou la proposition de valeur ?
S’il y a bien une question à se poser c’est vers quoi la société au démarrage doit se concentrer ? Si elle l’a de la concurrence ou pas. La réponse sera vite trouvée. Si elle a beaucoup de concurrents il est nécessaire de passer du temps sur la proposition de valeur de votre entreprise afin d’être le plus différent/différencient des autres. A l’opposé sans concurrence réelle ou identifiée, vous pouvez vous lancer même avec une offre tout d’abord limitée afin de faire tout de suite du chiffre d’affaire. Le nombre de références aidant vous apparaîtrez comme la nouvelle référence en la matière.
Plus besoin de prendre des gros serveurs dédiés
Aujourd’hui, et les exemples de Facebook et Twitter le prouvent, plus besoin de grosses architectures dédiées. Il n’y a plus de problème d’avoir sa messagerie hébergée par Google Apps ou bien qu’une partie des données soit chez Amazon S3. Cela limite les coûts déjà et surtout la mise en place est quasi immédiate ce qui est déterminant parfois.
S’appuyer sur le crowdsourcing modéremment
Quand on regarde le succès insolent des sites comme Wikipedia, Youtube ou Digg il est clair que le crowdsourcing (faculté de faire appel à une communauté de développeurs, de rédacteurs ou autres types de contributeurs pour remplir un site ou fabriquer des fonctionnalités) est un accélarateur de développemen. S’en passer serait une erreur. Mais ce qui permettra d’atteindre une certaine excellence sera d’avoir l’expertise. Ceux qui pourront rassembler cette expertise seront gagnants.
.. et aussi
D’autres choses auxquelles j’adhère moins pour diverses raisons sont aussi évoquées dans cette suite de tendances par Jason comme la fatigue probable d’utiliser tous les jours les réseaux sociaux ou bien le développement du gaming, de l’importance d’avoir des comptes dits professionnels ou bien le renouveau des sites de rencontres avec la crise on a besoin de nouveaux liens….
…et enfin
Même avec la baisse du marché que tout le monde prévoit, la menace de récession et l’instabilité mondiale, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour être un entrepreneur. Des fortunes se sont faites, des entreprises se sont construites, voire des nouveaux marchés se sont développés à pareille période. Il faut “juste” être courageux et faire preuve d’audace et yalla comme dirait Soeur Emmanuelle.