L'Education nationale veut surveiller et anticiper toute contestation
il y a 41 min
AP
Le ministère de l'Education a confirmé lundi avoir passé un appel d'offres pour la mise en place d'une "veille de l'opinion" ciblant les médias, les sites internet politiques et syndicaux, ou encore les blogs, avec l'objectif de "repérer les leaders d'opinion" et d'"anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise".
L'Education nationale affirme que l'opération est renouvelée chaque année depuis 2006, et qu'elle se fait "dans tous les grands ministères".
"Cet appel d'offre n'est pas une nouveauté. C'est renouvelé chaque année depuis 2006. Tous les grands ministères ont une veille média et internet et ça fait partie des missions déléguées à la direction de la communication", expliquait-on lundi au ministère de l'Education nationale.
"Le ministère considère que ça peut l'aider à se forger une opinion sur l'évolution de la situation. Et on est obligé d'inclure dans l'appel d'offres tout le développement des médias internet", précisait-on.
Les documents que l'Associated Press a pu consulter font état de deux lots pour cet appel d'offres pour un coût global de 220.000 euros pour 2009 (100.000 pour l'Education, 120.000 pour l'Enseignement supérieur et la Recherche).
Le détail de l'appel d'offres montre une volonté de surveiller l'opinion, et particulièrement la contestation de la politique mise en place, avec notamment comme objectif d'"anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise".
L'une des missions consiste à "repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau".
"Les informations signifiantes pertinentes sont celles qui préfigurent un débat, un 'risque opinion' potentiel, une crise ou tout temps fort à venir dans lesquels les ministères se trouveraient impliqués", précise le document.
"La veille sur Internet portera (...) sur les médias en ligne, les sites de syndicats, de partis politiques, les portails thématiques ou régionaux, les sites militants d'associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d'opinion", peut-on encore lire.
"La veille portera également sur les moteurs généralistes, les forums grand public et spécialisés, les blogs, les pages personnelles, les réseaux sociaux, ainsi que sur les appels et pétitions en ligne, et sur les autres formats de diffusion (vidéos, etc.)", souligne encore le document.
Il est également précisé que "les sources d'informations formelles que sont la presse écrite, les dépêches d'agences de presse, la presse professionnelle spécialisée, les débats des assemblées, les rapports publics, les baromètres, études et sondages seront également surveillées et traitées".
L'analyse de ces informations doit notamment permettre "de mieux anticiper les mouvements d'opinion et les critiques et de détecter systématiquement les signaux faibles de crise".
"Parler d'une volonté de fichage des militants me parait être une surinterprétation", a déclaré lundi à l'Associated Press le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) Gérard Aschieri. "Le ministère veut simplement anticiper pour adapter sa propagande", a-t-il ajouté. "Le reproche que je pourrais surtout faire, c'est qu'on dépense un argent fou, pas pour l'intérêt général, mais pour l'intérêt du ministre". AP