Magazine Cinéma
No country for old men
Ethan Coen, Joel Coen
2007
Avec: Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin
C’est la crise. Le mieux est de trouver une valise pleine de dollars quelque part sachant que c’est forcément une belle connerie de vouloir la garder.
Les grands paysages, la violence hallucinante, la maestria de la mise en scène, que faut-il retenir exactement de No country for old men ? Difficile à dire. Par le seul biais d’une fin non conventionnelle, ou plutôt d’une absence de fin comme il est souvent d’usage dès qu’un film se veut « anti-hollywoodien », le film tente de nous faire croire « qu’il y a autre chose derrière » le carnage. Autre chose qu’un champ de cadavres à la pose savamment étudiée avec le bzz des mouches dans l’oreille. Autre chose qu’un putain de molosse qui vous poursuit même dans l’eau et dont un coup de calibre ne parvient pas à arrêter l’élan. Autre chose qu’un anti-héros moustachu épatant (Josh Brolin) qui décide de faire une connerie sachant qu’il va y rester mais qui survit plus longtemps que prévu. Autre chose que des pick up vrombissant tous feux allumés dans les étendues. Autre chose qu’un psychopathe (Javier Bardem) à air comprimé, implacable, à la coupe de cheveux hideuse et qui vit selon une logique inhumaine.
Mais en fait il n’y a rien d’autre.
Le shérif Tommy Lee Jones a beau être dépassé par les évènements et raconter ses rêves, certains dialogues ont beau sonner comme du pur frères Coen, la fin a beau être aussi ouverte que la fracture du tueur, l’humour des situations et l’absurdité du propos ont beau désamorcer une grande partie de la violence, les personnages ont beau faire absolument n’importe quoi comme dans tous les Coen, c’est bien tout simplement un excellent film d’action qui se déroule sous vos yeux. Un nom de dieu de film d’action qui serait débarrassé des tics hollywoodiens tout en puisant ses archétypes dans un vivier inépuisable du film américain, de Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia à Extrême Préjudice pour l’ambiance Texaco-mexicaine poisseuse aux films ultra-violents des années 90 tels Tueurs Nés (tiens bonjour Woody Harrelson) ou Pulp Fiction pour la modernité du montage et des dialogues. Sans oublier même pourquoi pas Massacre à la tronçonneuse qui apporta lui aussi en son temps sa pierre à cet étrange représentation surchauffée du Texas en repère de psychopathes dangereux à la crasse étudiée. Et on peut bien creuser, décortiquer, disséquer, c’est bien l’adrénaline alliée à cet étrange humour qui fait fonctionner le truc, c’est bien les meurtres, les poursuites, les planques, le bip bip de l’émetteur qui nous tiennent en haleine et qui nous font sursauter. Et bien sûr la faune, les laissés pour compte qui vivent dans leur mobil homes, le vieux flic qui n’en revient pas de la mode des piercings, l’autre qui fait son café une fois par semaine, la chaleur, la poussière et l'espagnol des mexicanos qui émaille les dialogues. Il n’y a rien d’autre à comprendre que le plaisir ressenti à suivre le film et dêtre surpris au milieu de cet univers pourtant ultra-codifié. Et c’est chouette comme ça. Le western est bel et bien mort, mais sa descendance semble bien se porter. Adios ayer