Il y a une petite dizaine d’années, j’ai accompagné Miriam Makeba toute une journée à Paris. Mon journal d’alors avait une rubrique intitulée “Une vie en un jour” et dans ce cadre, j’avais été désignée pour évoquer celle que l’on appelait affectueusement Mama Africa. J’ai malheureusement détruit mon texte, il n’existe plus que dans les archives dudit magazine… Je me souviens avec plaisir de cette journée bien remplie, un peu stressante. Le lendemain, j’étais aux premières loges pour son concert à l’Olympia, suivi d’un passage dans sa loge. Mille mains serrées, gerbes de fleurs, embrassades, Miriam Makeba était un symbole.
Sa mort, hier 9 novembre, est intervenue subitement après un concert donné à Castelvolturno, près de Naples, en soutien à l’écrivain Roberto Saviano, menacé de mort par la mafia. Jusqu’au bout, cette grande artiste aura été la voix de l’indépendance, de la liberté, de la résistance.
Elle avait été mariée à Stokely Carmichael, un ex des Black Panthers. Lorsque je suis allée à Conakry, en Guinée, Stokely était à l’hôpital, agonisant. Seul… Dans le hall, j’ai croisé Louis Farrakhan, le leader d’une faction de Nation of Islam. La seule personnalité à se préoccuper du mourant, semble-t-il. Ce ne sera pas le cas de Miriam Makeba. Il a d’ailleurs suffi d’une chanson, Pata Pata, pour assurer sa réputation autour du monde. Qui se souvient qu’elle a parlé devant l’Assemblée générale des Nations unies, alors présidée par U Thant, pour défendre la cause des Noirs d’Afrique du Sud, alors terriblement réprimés et vivant sous le régime de l’apartheid ? Pour ses idées d’égalité, elle avait été alors privée de sa nationalité sud-africaine et contrainte à l’exil. Elle n’est rentrée dans son pays qu’en 1992, à l’élection de Nelson Mandela à la présidence.
Depuis lors, elle portait haut le flambeau de la Nation arc-en-ciel. Je suis heureuse pour elle qu’elle ait suffisamment vécu pour voir l’élection de Barack Obama à la Maison-Blanche…