Le prix Goncourt 2008 a été décerné aujourd'hui, à Atiq Rahimi pour "Syngué sabour Pierre de patience" publié par P-O-L.
Histoire :
En "Afghanistan ou ailleurs", une femme
veille un homme, blessé, dans le coma, sous perfusion : son époux. Elle
a deux enfants -deux filles - qu’elle va remettre à la garde de sa
tante. Elle convoque les figures qui l’ont marquée – un père violent,
une tante enchanteuse, une belle-mère cauchemardesque - devant une
imaginaire "syngué sabour" : dans la mythologie perse, une pierre de
patience que l’on pose devant soi pour déverser ses douleurs et ses
secrets. La pierre écoute, absorbe et un jour, elle éclate, délivrant
celui (celle) qui parle de ses souffrances.
Et la narratrice parle, parle, parle, dévoile l’inimaginable ou plutôt
ce que l’on peine à imaginer de ce pays que l’on connaît si mal en
France, sinon déformé par le prisme de l'actualité. Elle raconte le
"mollah crétin", la vantardise et la stupidité des hommes, prêts à la
mort pour défendre leur sens de l’honneur et de la virilité, le manque
d’amour, l’absence –sauf exception – de la possibilité de tout échange,
de toute tendresse, entre hommes et femmes. Elle raille la bêtise
militaire, par cette blague afghane : « Un officier essaie de démontrer
aux appelés la valeur d'une arme. Il demande alors à un jeune soldat,
Bénâm: Tu sais ce que tu as sur ton épaule ? Bénâm dit : Oui, c’est mon fusil ! L’officier hurle : Non imbécile ! C’est ta mère, ta sœur, ton honneur ! Puis il passe à un autre soldat et lui pose la même question : « Oui chef, C’est la mère, la sœur, l’honneur de Bénam ».
Son mari, qui lui a si peu donné, fut un grand combattant, un héros
auquel elle a rêvé pendant trois ans – trois années où ils furent
mariés sans se voir. De quel camp ? On ne le saura pas et peu importe.
Dans cette ville non nommée, des factions combattent, bombardent,
s’introduisent brutalement dans les maisons, avec la même violence: il
importe seulement d’être de leur camp, ou de le proclamer, pour pouvoir
espérer survivre.
Le prix Renaudot a été attribué à Tierno Monénembo pour "Le roi de Kahel" paru chez Seuil. Le Renaudot essai a été décerné à Boris Cyrulnik pour "Autobiographie d'un épouvantail" paru aux éditions Odile Jacob.
Histoire : l'auteur raconte dans "Le roi de Kahel" l'épopée d'Olivier de Sanderval, précurseur de la colonisation de l'Afrique de l'ouest à la fin du XIXè siècle. Sanderval parvient à gagner la confiance du chef du pays peul et va tenter de se tailler un royaume contre la volonté de son propre pays.
Biographie des auteurs :
En 1984, il quitte l'Afghanistan pour le Pakistan à cause de la guerre,
puis demande et obtient l'asile politique en France où il passe un
doctorat de communication audiovisuelle à la Sorbonne.
Il réalise des films documentaires et adapte en 2004 son roman "Terre
et cendres", qui, présenté à au festival de Cannes obtient le prix
"Regard sur l'avenir".
Tierno Monénembo, 61 ans, est un écrivain africain francophone de
réputation internationale. Il a quitté son pays, la Guinée, à la fin
des années 1960 pour fuir la dictature de Sekou Touré.