Nos législateurs semblent passionnés par Internet et par la législation qui pourrait l’encadrer. Ils se basent avec délectation sur des chiffres trafiqués pour inventer n’importe quoi. Ils ne se rendent d’ailleurs pas compte que la plupart de leurs combats sont voués à l’échec, les progrès technologiques faisant que les fraudeurs divers peuvent agir impunément à partir de la France sur des serveurs à l’étranger, mais je ne suis pas un spécialiste de ce domaine et je vous laisse juge.
Imaginez que j’écrive sur le blog que je suis un âne. Je ne vois pas comment je pourrais porter plainte contre moi-même dans la mesure où je ne peux attaquer que l’hébergeur qui est aux USA. Nos camarades législateurs peuvent modifier la loi mais on doit pouvoir la détourner à l’infini. Imaginons que j’ai un copain en Allemagne : je lui faxe mes textes et c’est lui qui les diffuse… Ni vu ni connu ?
Nos camarades législateurs pourraient dépenser le pognon de la république à des choses plus utiles, comme diminuer la TVA sur la bière, par exemple.
Ces temps-ci, ils ont dépensé un maximum d’énergie pour lutter contre le piratage des films ou des musiques, pour le plaisir d’interdire et de rajouter des taxes dans tous les sens. Toujours est-il qu’ils ne font que ramer pour permettre aux différentes compagnies de production, d’édition, … de gagner de l’argent car elles ont complètement loupé un virage technologique et elles se trouvent prises à leur propre piège : dépenser un maximum de pognon pour assurer la diffusion d’un film merdique ne fait qu’encourager son piratage.
Il ne faudrait pas remplacer un problème industriel par un arsenal juridique !
Nos camarades législateurs pourraient dépenser le pognon de la république à des choses plus utiles, comme lutter contre la pédophilie sur internet. Quoi que… La pédophilie – ou plutôt la lutte contre – redevient un peu trop à la mode ces temps-ci. Il ne faudrait pas qu’un retour de pudibonderie nous fasse revisiter notre histoire.
Passé les derniers procès contre les blogueurs (j’en ai évoqué certains ici), nos braves sénateurs sont en train de renforcer l’arsenal juridique contre eux. L’article en lien parle des sites institutionnels comme ceux des journaux… mais je ne crois pas que la loi définisse précisément la frontière entre les blogs et ces sites de journaux.
Il faut que le législateur prenne en compte la dimension marginale des blogs, voire leur audience. Un exemple au hasard : le blog politique numéro 1 au classement Wikio a reçu environ 15000 visites au mois d’octobre, dont la moitié de types cherchant des renseignements particulièrement intéressants ou procédant à des vérifications utiles. Exemple : « Claude Makélélé en a-t-il une grosse ? ». Ainsi, par déduction, on va se rendre compte que PMA a entre 100 et 150 vrais lecteurs par jour en moyenne (et encore…), la moitié étant des copains ou des concurrents au Wikio.
Souvent, l’été, j’écoute l’émission « la-bas si j’y suis » sur France Inter. Pendant le générique, ils passent des messages de leurs auditeurs, enregistrés sur le répondeur de l’émission. Les propos tenus sont dix fois pires que les pires propos que j’ai lus dans des blogs et ont des centaines de milliers d’auditeurs... soit des milliers de fois plus que PMA.
Pendant les élections municipales, j’ai beaucoup critiqué certains candidats à Loudéac et au Kremlin-Bicêtre. A part les blogs ou sites des candidats, j’avais probablement le blog le plus actif sur ces secteurs. Il faudrait compter, parmi mes lecteurs, le nombre de types qui ont lu un de mes billets locaux en tant qu’électeur (et non membres des équipes de campagne ou journaliste attendant que je dérape). Pour toute la durée de la campagne, le chiffre doit être de l’ordre 50 pour le KB et de 20 pour Loudéac.
Autant dire : rien.
Dans son souci de renforcer la législation autour du web, le législateur devrait prendre en compte cette audience des blogs et qu’on nous lâche la grappe !
Mmes et MM les Députées, Députés, Sénatrices, Sénateurs, réfléchissez donc avant de faire des lois délirantes et inutiles… et uniquement néfastes pour des braves gens, les blogueurs, qui n’ont rien fait de mal mais n’ont pas les moyens de se payer un bon avocat, celui qui arrivera à démontrer que quand je critique un homme politique sur mon blog, je suis autant entendu que quand je pète dans la baignoire.