Grâce à son succès face à l'Argentine, samedi soir au stade
Vélodrome, le XV de France a quelque peu rééquilibré sa balance des
succès et des défaites contre les Pumas.
Mais au delà de la nouvelle réjouissante d'un match remporté contre
notre bête noire et de la confirmation du talent de Louis
Picamoles, on ne peut pas dire que la soirée marseillaise,
pluvieuse, nous ait transporté dans des sommets de plaisir
rugbystique.
Disons le tout net, on n'a pas vu un XV de France en tenue de gala
mais bien plutôt en bleu de chauffe. Comme annoncé, les hommes de
Marc Lièvremont se sont montrés appliqués en défense, rugueux sur
les phases de conquête, en particulier dans les rucks, avec une
intensité très positive. On aurait aimé voir le même abattage le 7
septembre 2007, lors du match initial de la Coupe du Monde. La
mêlée tricolore a fait plus que se défendre, la paire Lecouls -
Barcella ayant montré un visage plutôt attrayant. Les Bleus ont
également fait souffrir en touche des Argentins asezs maladroits,
mais également perturbés par les contres menés notamment par Louis
Picamoles (encore lui) qu'on ne savait pas aussi à l'aise dans les
airs.
Mais la domination globale des Français n'a pas débouché sur des
actions véritablement tranchantes et encore moins décisives. Le jeu
déployé n'a pas porté ses fruits : pas de franchissement décisif,
des soutiens trop tardifs ou mal exécutés (du moins selon
l’appréciation de l'arbitre, Monsieur Kaplan, très sévère
avec les joueurs Français...). Bref, on aurait aimé voir un jeu
plus inspiré du côté fdes bleus. On a bien cherché à jouer dans la
défense adverse et à se faire des passes après contact, mais il y
avait un « je ne sais quoi » de timidité ou de prudence qui
n’a pas permis aux quelques occasions tricolores de se
révéler décisives. On sent que le jeu débout reste un objectif du
staff tricolore. Mais force est de reconnaître que ce XV de France
se cherche encore.
Si l’on examine les performances individuelles, on constate
que David Skréla a appliqué à la lettre un plan de jeu visiblement
axé sur l'occupation du terrain, la pression offensive après
up-and-under, et une prise de risque minimale. Le jeu au pied
offensif du néo-Toulousain aurait pu s’avérer payant à une ou
deux reprises mais des maladresses n’ont pas permis aux
attaquants de profiter des quelques ballons intéressants
qu’ils eurent à négocier dans ce domaine.
Comment ne pas revenir sur la performance de Louis Picamoles ?
Auteur de son meilleur match sous le maillot bleu, il a démontré
toute l’étendue de son talent. Il s’est illustré dans
tous les secteurs de jeu. Et si l’on retiendra surtout sa
chevauchée fantastique de la 40ème minute, qui aurait mérité
meilleure conclusion, il ne faut pas oublier son rayonnement dans
le jeu au près et sa présence au soutien des trois-quarts.
S’il continue à progresser comme il le fait depuis trois
saison, nul doute qu’il deviendra l’indispensable
titulaire du poste de n°8 du XV de France.
Pour ses débuts tricolores, Maxime Médard a alterné le bon et le
moins bon. Sa présence sous les habituelles chandelles distillées
par Juan-Martin Hernandez a été très rassurante. Ce qui l’a
moins été, ce sont certains de ses choix offensifs et les quelques
hésitations dont il a fait preuve en défense. Il faudra évidemment
le revoir…
Rien de neuf du côté de nos amis Argentins. A chaque match contre
la France, le scénario est identique : Roncero roncérone et
Juan-Martin Hernandez laisse ses fantaisies offensives au vestiaire
pour user et abuser de son jeu au pied. Mais voilà désormais les
Pumas prévenus. Pour battre la France, il va falloir trouver autre
choses à proposer que du jeu d’occupation et de la pression
défensive. La rouerie habituelle des joueurs ciel-et-blanc
n’a pas suffit samedi à emporter le morceau.
La victoire de samedi l’a été sans la manière. Tant pis,
celle-ci attendra des jours meilleurs. Pour l’instant, une
équipe se reconstruit. Et visiblement, elle a de l’avenir
devant elle.