Festen est un huis-clos théâtral au réalisme transpirant : père d’une riche dynastie danoise, Helge célèbre ses 60 ans dans son manoir majestueux et soigné dans lequel sont conviés un bon nombre d’amis avec toute la famille. Réception mondaine, petits plats dans les grands. Deux frères, une sœur. Une autre sœur absente, morte un an plus tôt. Un brin de mystère plane, et on se demande bien à quel moment il sera percé. Et quand le pu s’évacue, la quantité se déverse à grandes eaux. Ce n’est pas de la grande scène de coups de théâtre à répétition, c’est juste des hommes et des femmes qui se battent pour mieux « mourir ».
Malgré l’image mauvaise, la réalisation bancale et brouillonne (volontaire) et l’ambiance plombée par un enfermement étouffant, le réalisme du reportage de famille prend réellement le spectateur à témoin et nous croyons assister avec le reste de l’assemblée au scandale de famille. Voyeurisme, gêne et sentiment de honte nous partagent entre la part de vérité et la part de mensonges (ou plutôt celle qu'on refuse de voir/croire).
Les acteurs sont convaincants (oui au rôle de Michael interprété par Thomas Bo Larsen) et nous invitent à considérer quelques clichés bien amenés comme le racisme moderne, la violence conjugale, l’adultère facile, l’amour fraternel fusionnel, la haine viscérale inavouable, et surtout le degré de responsabilité de chacun à assumer la vérité.
Ou à la fuir – quand c’est plus simple.
C.