Festen

Publié le 10 novembre 2008 par Elgade
Thomas Vinterberg signe à travers ce film les sacrements du Dogme 95 – étrange texte co-contracté avec Lars Von Trier l’année de la réalisation de Festen et de Les Idiots (1998). Deux ovnis cinématographiques qui se devaient de respecter le 35 mm (on s’arrache les yeux, surtout en 16/9 sur un putain d’écran 37’’ Full HD, 100 Hz – l’autoscale n’y fait rien – qualité moisie !), de bannir tout artifice de montage (pas de musique, caméra à l’épaule, pas d’anachronisme géographique ou temporel), et de privilégier l’extorsion d’une introspection individuelle de chaque acteur composant l’univers cacophonique et plutôt violent de chacun de ces 2 films (un des sacrements précise clairement : le succès du film ou les critiques de l’esthétique, le réalisateur s’en contre-balance, tout film de genre est interdit, ne pas mettre en avant la réalisation – bien au contraire) . Je ne m’attarderai pas sur Les Idiots trashcore à la finalité ambiguë que j’ai vu il y a une paire d’années même si vaudrait le coup qu’on s’y attarde (surtout quand on sait que c’est LVT aux commandes !).
Festen est un huis-clos théâtral au réalisme transpirant : père d’une riche dynastie danoise, Helge célèbre ses 60 ans dans son manoir majestueux et soigné dans lequel sont conviés un bon nombre d’amis avec toute la famille. Réception mondaine, petits plats dans les grands. Deux frères, une sœur. Une autre sœur absente, morte un an plus tôt. Un brin de mystère plane, et on se demande bien à quel moment il sera percé. Et quand le pu s’évacue, la quantité se déverse à grandes eaux. Ce n’est pas de la grande scène de coups de théâtre à répétition, c’est juste des hommes et des femmes qui se battent pour mieux « mourir ».
Malgré l’image mauvaise, la réalisation bancale et brouillonne (volontaire) et l’ambiance plombée par un enfermement étouffant, le réalisme du reportage de famille prend réellement le spectateur à témoin et nous croyons assister avec le reste de l’assemblée au scandale de famille. Voyeurisme, gêne et sentiment de honte nous partagent entre la part de vérité et la part de mensonges (ou plutôt celle qu'on refuse de voir/croire).
Les acteurs sont convaincants (oui au rôle de Michael interprété par Thomas Bo Larsen) et nous invitent à considérer quelques clichés bien amenés comme le racisme moderne, la violence conjugale, l’adultère facile, l’amour fraternel fusionnel, la haine viscérale inavouable, et surtout le degré de responsabilité de chacun à assumer la vérité.
Ou à la fuir – quand c’est plus simple.
C.