Le Parti Socialiste, c’est franchement rigolo. Prenez leurs élections internes : l’idée de base d’une élection, voyez-vous, c’est de demander aux passagers de l’avion de voter pour qui doit être dans la cabine de pilotage. Cela s’appelle dégager une majorité et un chef.
Or, le PS a un système de vote tellement sophistiqué, qu’il ne produit pas 1 vainqueur, mais… 4 perdants. Et pas de majorité.
La bande des Quatre (la machine à perdre)
Ainsi, Ségolène Royal, pourtant arrivée en tête, a perdu, puisque 70% du parti a, dans les faits , refusé de voter pour elle. Les commentateurs, à l’exception de Koz, ont oublié de le mentionner, mais elle avait quand même écrasé ses adversaires il y a deux ans avec 60% des suffrages aux primaires. Défaite donc, car son capital sympathie a fondu de moitié et car sa première place ne lui sert à rien. Royal détrônée.
Du coup, pour éviter d’être à 15% dans 2 ans, elle a proposé d’acheter des électeurs. Le P.S, parti d’in-no-va-tion !
2ème par ordre d’arrivée, Bertrand Delanoë. Lui aussi perdant. Perdant, parce qu’on l’annonçait comme le messie que le PS attend et parce que nul rideau du temple ne s’est déchiré lorsqu’Il est apparu. Perdant parce que malgré l’appui d’Hollande (qui s’était même aventuré à dire qu’il soutiendrait « la motion arrivée en tête », tellement il était certain de finir premier) , il ne finit ni en position de leader, ni en position d’arbitre. Son coming-out néo-libéral le place désormais en position défensive, vu la crise, et restreint ses marges de négociations avec la gauche du PS.
3ème, Martine Aubry. Perdante aussi : elle état censée s’imposer dans le duel Royal/Delanoë et n’est pas parvenue à le troubler. Elle n’a pas la légitimité par exemple pour disputer le leadership à Royal, alors que son positionnement, lui, en termes strictement politiques le justifierait. Moralité, au lieu d’être la tête de pont de la synthèse, elle va être le marchepied.
4ème, Benoît Hamon. Encore un perdant. On sait désormais que les socialistes au P.S pèsent à peine 1/5ème des troupes. Ses 18% ne lui servent pas à grand chose : les additionner à Aubry ne donnera pas de majorité d’idées. Les donner à Delanoë ou Royal est impossible. Les abandonner en quittant le PS comme l’a fait Mélenchon serait irresponsable ou stupide. Hamon est donc condamné à devenir le nouvel Emmanuelli : suffisamment important pour peser, mais pas assez pour l’emporter.
J’ajoute que le nombre de cadavres est plus important que les quatre cités plus haut : DSK, qui n’a plus de troupes en propre ; Moscovoci, qui a joué le mauvais cheval; Cambadélis, qui a soutenu aussi le mauvais cheval, etc…
Le bateau ivre
Le PS est donc, grâce à ce merveilleux système proportionnel dont on nous rabat les oreilles, devenu parfaitement ingouvernable, à la merci des petits arrangements entre amis dans lesquels François Hollande excelle. Attendons-nous à un mariage et… quatre enterrements.
Pauvre PS. Sa majorité d’opinion (sociale-libérale) ne peut prendre le pouvoir, parce qu’elle est divisée à peu près 60/40 sur le choix de son leader. Sa minorité d’opinion (socialiste) pourrait trouver un chef, mais elle est minoritaire en voix.
D’où la solution : trouver un bouche-trou, un type qui ne fasse pas peur à personne. Il faut donner du temps au temps, car le temps règle tous les problèmes. D’ailleurs, c’est comme ça que la France a réglé son problème du chômage. Ils ont fini par devenir des retraités !
Dans l’intervalle, vous imaginez : c’est un Rebsamen ou Peillon qui auraient la lourde tâche de ferrailler avec Nicolas Sarkozy. Dans un avion, cela s’appelle le pilotage automatique. On avisera bien au moment de l’atterrissage…
Le P.S est en passe de devenir le post-scriptum de l’Histoire politique de la Vème République. Ou un erratum ?
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