Certes, le vote des motions fait apparaître un incontestable besoin de renouveau étouffé en grande part par les baronnies; il marque la fin de l’ère Jospin et de la déliquescence idéologique orchestrée de main de maître par F. Hollande. Elle fait apparaître aussi, par le pourcentage des votants (55%) une incontestable lassitude et le sentiment que, du fait des mêmes baronnies, rien ne bougera réellement.
Ce besoin de renouveau s’exprime par les relatifs bons scores (le mot relatif est le plus important) des autres motions.
* A tout seigneur tout honneur, la favorite de la presse et des médias, largement battue par N. Sarkozy aux dernières présidentielles. Sa motion est arrivée en tête - ce qui est présenté comme une “victoire” - avec 29% des suffrages (alors qu’elle était donnée à plus de 40% en début de campagne), soutenue par les grosses fédérations les plus archaïques du PS (73% des voix dans les Bouches du Rhône). Elle a pour autre particularité d’avoir perdu, en un an, la moitié de ses voix. C’est dire une dynamique asthmatique!
Les caractéristiques de cette motion ? Une stratégie médiatique-toute menant son leader illuminé à maintenant singer Chantal Goya dans ses meetings, un culte de la personnalité remplaçant l’analyse politique, des propositions zig-zagantes disant tout et son contraire en l’espace de quelques mois, - de l’adoration social-démocrate des pays du Nord à la dénonciation de la même social-démocratie notamment-. Et la volonté d’une alliance politique avec le centre. Le parallèle avec le New-Labour de Tony Blair (maintenant consultant de grandes banques de la City) est éclatant. Le seul problème, à mes yeux du moins, est que les anglais attendent toujours les résultats sociaux d’une politique qu’ils croyaient à gauche. Est-ce ce renouveau (détournement de mots socialiste, pendant des “réformes” raffarinesques et sarkoziennes) qu’attendent les français les plus défavorisés ?
* Les tenants du “vieux” PS jospino-hollandais autour de B. Delanoé, espérant faire du neuf avec du vieux et qui, annonçant vouloir dépasser les 50%, sont les grands perdants du vote. C’est la fin d’une époque où les arrangements d’appareil ont tenu lieu de politique. Coalition hétéroclite, il est à prévoir un départ de M. Hollande au secours de Mme Royal.
* Martine Aubry, de son côté, a rassemblé les tenants du “vieux” PS ceux qui s’estimaient maltraités par l’appareil hollandais: outre elle-même et ses partisans, les ex-fabiusiens et une partie des ex- strauss-kahniens. Donnée au départ à moins de 20% des voix elle réussit une belle percée. Ce rassemblement a été l’occasion de revenir sur une attitude et des propositions offensives, qu’on attendait vainement de l’appareil du PS depuis 10 ans. On trouve chez eux une vraie réflexion politique social-démocrate à l’ancienne, qui aurait néanmoins besoin de se renouveler un peu, et ils atteignent le quart des voix.
* Enfin, la gauche du PS qu’on attendait (moi aussi) à 12 % et qui atteint, crise financière aidant, les 19. Cette gauche est idéologiquement hétérogène, avec des tenants d’une orthodoxie datée, mais aussi une aile, la plus nombreuse, soucieuse d’adapter la culture “gauche” aux défis actuels. C’est là-dedans, à mon avis, qu’il faut chercher le seul “renouveau” dont le PS a besoin, renouant avec les classes populaires et unifiant, politiquement, les aspirations de tous les salariés.
Côté lassitude, outre la faiblese du taux de participation, et les départs qui vont suivre ce congrès dont il ne faut rien attendre que des combinaisons de clan. Citons encore dans ce chapitre, annoncé depuis longtemps, le départ de MM Mélanchon et Dolez. Départ qui, outre les images discutables (justifiées ou non) des deux protagonistes, n’atteint pas la taille critique nécessaire à une vraie refondation.
Les résultats de ce vote montrent avant tout, le poids des votes “captifs” (l’adjectif est gentil et faible) par rapport à celui des vrais militants, et ce dont les Bouches du Rhône sont la caricature. Enfin, qu’il me soit permis d’être sévère avec les “itinérants”: MM Peillon, Valls, Moscovici, et quelques autres qui ont semblé avant tout être à la recherche de la niche la plus conforme à leurs intérêts.
On s’achemine vraisemblablement vers deux scénarii possibles pour des majorités. L’un, autour de Mme Royal avec une partie des grands élus (et F. Hollande) à qui la motion “gauche” servira de repoussoir. Beau “renouveau” en perspective..! L’autre qui, au nom d’un autre “renouveau”, en fait pour essayer de limiter le développement du NPA, porterait M. Aubry ou même B. Hamon au Premier Secrétariat National, de fait dans une coalition “Tout sauf Ségolène”, avec le gros risque, si la seconde option se réalise, que B. Hamon connaisse le même sort que M. Rocard dans les années 90 à l’issue des prochaines Européennes et Régionales, car la partie n’est pas finie. Je suis incapable de dire lequel de ces scénarii triomphera, mais B. Hamon, par une synthèse de ce type obtenue de laborieux marchandages, perdrait la crédibilité politique acquise lors de ce vote.
A mon avis, les résultats de ce vote sonnent le glas des ambitions pour 2012 de B. Delanoé comme de S. Royal qui chacuns se voyant, il y a peu, rassembler plus de 50% des votes. Qui sortira du chapeau de ces pauvres négociations ?
En attendant, un congrès de plus pour rien ?
- Religion. Etymologiquement, le mot signifie “relier”, principalement les hommes entre eux. Un bel exemple est à voir sur Le Monde.