Yazid Sabeg est l'auteur d'un "Manifeste pour l'égalité réelle", publié par le Journal du Dimanche le 9 novembre. On peut y lire que "L'élection de Barack Obama éclaire par un contraste cruel les manquements de la République française et l'écart qui nous sépare d'un pays dont les citoyens ont su dépasser la question raciale et élire pour président un homme qui se trouve être noir." Fils de docker, Yazid Sabeg est l'un de ces modèles d'entrepreneurs partis de rien, de surcroît arabe, qui a réussi. Il est le président du conseil d'administration de Communication & Systèmes (CS), SSII française employant 3 000 collaborateurs. Il participe aux travaux de l'institut Montaigne, l'un des think-tank libéraux. La confusion des concepts Son discours n'est pas social, mais ethnique ou racial. Alors que la France est l'un des pays les métissés au monde, la réussite sociale des "minorités visibles" est insuffisante. C'est vrai. Mais l'élection d'Obama n'a rien à voir avec le sujet. Obama n'a pas été élu car il était noir. Au contraire, sa couleur de peau lui a sans doute fait perdre quelques suffrages. Yazid Sabeg fait deux types de propositions : apôtre de la discrimination positive chère à Nicolas Sarkozy, il souhaiterait ainsi que les employeurs "et le premier d'entre eux, l'Etat", soient incités "fortement", "à mettre en place des politiques de promotion de la diversité, fondées sur l'obligation de résultat." Autre idée du même ordre, "soumettre les partis politiques à un pacte national de la diversité." Cela revient défend des quotas par couleur de peau, un projet en total accord avec la politique de quotas par ethnie du ministre de l'identité nationale. En revanche, sa seconde proposition est louable. Yazid Sabeg souhaite faire sauter les verrous: désenclaver les quartiers en difficulté, ou "limiter les mandats électoraux pour forcer le renouvellement du monde politique". Bizarrement, son Manifeste esquive la question des expulsions, familiales ou pas; les tests ADN pour justifier le regroupement familial d'une fratrie; l'apprentissage de la Marseillaise réclamée par Brice Hortefeux aux nouveaux immigrants; le test de Français qui occulte les compétences et la motivations. Le Manifeste pour l'égalité réelle oublie l'inégalité ethnique et nationale défendue par Nicolas Sarkozy et brice Hortefeux. La Marseillaise n'est pas apprise aux "petits Français", elle serait pourtant exigée des immigrants. In fine, Yazid Sabeg appelle à un Grenelle de la Diversité. Pourquoi pas ? Un soutien de tous bords Les soutiens à cette initiative sont nombreux: Christiane Taubira, Jean-François Copé, Patrick Devedjian, Dominique Voynet, Benjamin Stora, le collectif Les Gracques ont approuvé la démarche. La récupération Sarkozyste Carla Bruni-Sarkozy approuve l'initiative. Elle s'emmêle les pieds dans les concepts. "Si j'étais seulement Carla Bruni, la chanteuse, je signerais sans problème le manifeste pour l'égalité. Mais je m'appelle Bruni-Sarkozy, et mon nom m'appartient moins. Ce serait étrange de communiquer avec le pouvoir, donc mon mari, par pétition interposée! Ça ne m'empêche pas de m'engager. Et ça ne m'empêche pas non plus d'être d'accord avec le texte que vous publiez... D'accord dans les grandes lignes, sur notre retard - mais j'ai peut-être plus d'indulgence pour la France, qui est prête à bouger. Et d'accord avec les objectifs. Evidemment, il faut du volontarisme, chercher les talents et les ambitions... Oui, il faut faire émerger l'immense potentiel de la nouvelle France. Pendant des années, j'ai été une marraine de SOS-Racisme, j'ai aimé cette société multiculturelle, cette mini-France des potes. Samedi, j'étais avec Fadela Amara - encore une cousine de SOS - à la cérémonie des talents des cités. C'est un bain d'énergie... Et en même temps, la reconnaissance des cités par le pouvoir ne suffit pas. Les gens des cités doivent devenir le pouvoir, eux aussi, à leur tour! On en a parlé avec Fadela... Elle est ministre, c'est une avancée for