Semaine une nouvelle fois chargée qui me tient loin de Paris est sa banlieue. Il est temps de revenir à la Conférence Métropolitaine et au lancement de Paris-Métropole, sans oublier tout de même un petit mot sur le SDRIF et un détour par le Plateau de Saclay pour y saluer les étonnantes pensées de Monsieur Blanc…
A la mairie du 20ème arrondissement de Paris, où on était mercredi 5 novembre dans une ambiance assez « Yes, we can !», en ce matin d’élection de Barack Obama, et même « Yes, we did !» comme le fera remarquer l’un des élus. Et effectivement, ils l’on fait et ont enfin donné des statuts et un nom au Syndicat Mixte Ouvert d’Etudes annoncé quelques mois plus tôt lors des Assises de la Métropole. Et si l’un des participants sans doute emporté par l’émotion déclarera « nous avons acté la disparition de la banlieue, avec une approche qui ne se fera pas en cercle concentriques, mais avec un développement polycentrique, c’est un grand changement dans l’histoire du cœur de l’Ile de France », le syndicat mixte s’appellera bien Paris-Métropole et aura son siège à Paris ;-) Et si l’ambiance était très « Yes, we can !», un coup d’œil sur les participants à cette session de la Conférence Métropolitaine montre à quel point il y a du boulot, car les quelque 70 élus de Paris et de sa banlieue, pas un noir, un arabe, et peut-être 5% de femmes (ou alors j’ai mal vu)…
“Enfin” peut-on écrire à propos de ces statuts, car ce mercredi matin, on sentait chez certains le même sentiment d’urgence qu’il y a un mois, sentiment exacerbé par le fait que les statuts étant là, il faut passer à du concret. Et comme le faisait remarquer l’un des élus présents, c’est maintenant que « le plus dur commence… enfin on quitte les statuts, enfin on passe de comment nous défendons nos institutions à comment nous répondons aux attentes de nos concitoyens », certains trouvant d’ailleurs que ces statuts arrivent même un peu tard. Et il est vrai que face à l’accélération du mouvement imprimée par le Président de la République Nicolas Sarkozy sur la question du Grand-Paris, le nouveau syndicat Paris-Métropole a intérêt à continuer à mettre les bouchées double pour être à l’heure des rendez-vous de l’Etat en position d’interlocuteur valable. Car si les statuts et le périmètre sont là, reste à remplir ce périmètre, et la tache risque ne pas être si simple. Un échange lors de la conférence de presse montre bien que le consensus n’est pas d’une solidité à toute épreuve. Ainsi lorsque Mireille Ferri, vice-présidente Verte de la région, se félicite d’avoir avec Paris-Métropole un lieu qui permette de s’opposer à l’Etat, si ce dernier s’en prend par exemple à la décentralisation, comme dans la « petite musique que nous fait entendre de temps en temps le secrétaire d’Etat » (ndlr : Christian Blanc), immédiatement Bernard Gauducheau, maire Nouveau Centre de Vanves, répond que Paris-Métropole est « une structure ouverte à l’ensemble de l’échiquier politique », et que « les élus de la majorité ne pourraient s’associer à un lieu qui se transformerait en lieu de contre-pouvoir ! » Et à une question sur la faible présence de représentant de l’UMP à cette session de la Conférence Métropolitaine, après une première réponse biaisée d’un des participants, le même Bernard Gauducheau répond qu’il ne « pratique pas la langue de bois » et qu’une des raisons d’être de la Conférence Métropolitaine « était de se donner les moyens de faire adhérer les collectivités toutes tendances confondues et de ne pas créer un syndicat des frustrés qui se réunissent pour essayer de piquer du pognon aux autres. » Le maire de Nogent, l’UMP Jacques JP Martin, tentera d’atténuer la réponse de son collègue de Vanves, rappelant qu’à part certains téméraires comme lui-même, au début de la Conférence Métropolitaine deux ans auparavant, il n’y avait pratiquement pas de réprésentants de droite. Et de rappeler que pour lui ce qui comptait n’était pas la présence physique dans le 5 novembre au matin, mais l’adhésion à Paris-Métropole, démarche validée par le secrétaire général de l’UMP. « Je ne connais pas de crèche de gauche, ou de crèche de droite, de RER A de gauche ni de RER A de droite » ajoute le maire de Nogent, en mentionnant le collectif de 40 maires, de droite et de gauche, des villes traversées par la ligne du RER A qui s’organisent pour faire avancer les attentes de leurs concitoyens. Et ce dernier de finir en précisant que le Conseil Général du 92 se prononcera sur l’adhésion au Syndicat Mixte avant la fin de l’année. C’est d’ailleurs ce que devrons faire les 200 et quelques collectivités auxquelles seront envoyés les statuts. Certaines ont déjà dit oui, mais des non ne sont pas à exclure… Difficile enfin de ne pas mentionner Pierre Mansat, adjoint du maire de Paris chargé des relations avec les collectivités territoriales, qui d’accord avec les remarques des maires de Vanves et de Nogent, souligne que s’il s’agit d’un processus lent, c’est un processus positif, avec une obligation, celle d’être « complètement pluraliste » pour que Paris-Métropole représente la diversité politique et géographique de la métropole parisienne, et de conclure sur l’urgence lui aussi, « il faut travailler vite, la Conférence Métropolitaine existe et peut travailler encore avant la mise en place du syndicat mixte. »
Un mot sur le SDRIF, et d’un apparent rapprochement entre la région à travers son président Jean-Paul Huchon, et le gouvernement à travers son Premier ministre François Fillon. Un accord serait possible, Jean-Paul Huchon ayant déclaré qu’il « prend acte que le Premier Ministre juge possible que la poursuite de la procédure d’approbation du schéma, en cohérence avec les débats sur le Grenelle 2 ». Le Parisien du 5 novembre titrait lui sur « l’embellie entre Huchon et Fillon », Sébastien Ramnoux concluant son article sur une remarque du nouveau préfet de région Daniel Canepa, à propos du 2% de croissance annuel tare rédhibitoire du SDRIF pour Christian Blanc, “« Ce qui était modeste il y a six mois, devient aujourd’hui ambitieux » a relevé malicieusement Daniel Canepa “
Et puisque c’est dimanche, on ne peut pas finir sans parler de Christian Blanc et de son Grand-Paris, ou du moins du Plateau de Saclay en attendant mieux. Au bout de huit mois de cogitation, Christian Blanc nous a livré l’aménagement du Plateau de Saclay, comme le fait remarquer Sibylle Vincendon dans Libération. Pas sûr qu’un ou même deux mandats de Nicolas Sarkozy suffisent pour couvrir l’ensemble du Grand-Paris sans parler de la Région-Capitale. Paradoxe de l’homme sage silencieux du gouvernement. Ce qui est une solution dépassée depuis 15 ans pour les millions d’habitants de la zone dense de la petite couronne qui vit une embolie permanente faute de moyens de transports en commun, est la solution dès qu’il s’agit de desservir quelques dizaines de milliers d’étudiants (de haut niveau, d’accord) et les 40.000 habitants d’une hypothétique ville nouvelle à 20 kilomètre du périphérique. Pour la zone dense, nous n’avons rien compris, c’est la voiture électrique la solution, pas le métro, mais pour des facs et une ville nouvelle dans les champs, ce n’est plus la voiture, électirque ou non et Christian Blanc prévoit métro automatique, transports en site propre et même funiculaire ! Pour plus de détails sur l’aménagement du Plateau de Saclay et sa Silicon Valley à la française, reportez vous aux différents articles consacrés au sujet : il vous suffit de taper “Christian Blanc et Saclay” dans Google Actualité. Sinon, vous pouvez aussi aller sur le site du secrétaire d’Etat au développement de la Région-Capitale (”rubrique : espace presse / chrono : conférence de presse de Christian Blanc du 6 novembre”) comme une de ses conseillères m’a « spécialement » conseillé de le faire. Dommage, malgré les demandes et prises de contact, les blogueurs ne sont pas encore les bienvenus aux conférences de presse de Christian Blanc. Le gouvernement fait la promotion d’internet et du web 2.0, mais ce qui est vrai pour Eric besson, ne l’est apparemment pas pour Christian Blanc. Mais peut-être considère-t-il que les blogueurs ont déjà 15 ans de retard ;-)
Jean-Paul Chapon