09 novembre 2008
La « parabole Kerviel » : où l’on se rend compte que Jésus avait anticipé la crise financière du XXI e s
Lc 16, 1-8
Jésus disait encore à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu'il gaspillait ses biens. Il le convoqua et lui dit : 'Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires.'
« Le gérant pensa : 'Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Travailler la terre ? Je n'ai pas la force. Mendier ? J'aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu'une fois renvoyé de ma gérance, je trouve des gens pour m'accueillir.'
« Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : 'Combien dois-tu à mon maître ? - Cent barils d'huile.' Le gérant lui dit : 'Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.' Puis il demanda à un autre : 'Et toi, combien dois-tu ? - Cent sacs de blé.' Le gérant lui dit : 'Voici ton reçu, écris quatre-vingts.'
« Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s'était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. »
Terrible cette parabole du gérant habile!!!! Très très fort !! Surtout en ces temps de crise financière !! On a donc là un Big Boss qui vire son gérant parce qu’il aurait entendu dire que ce dernier aurait mal géré son portefeuille de clients. Ledit gérant est apparemment viré sur des faits dont on est même pas sûr qu’ils soient véridiques. Ceci dit, on peut très bien se douter que ce gérant, n’y est pas allé de main morte pour faire gagner de l’argent à son Big Boss.
Débarqué donc du jour au lendemain. Et comme partout, il faut bien se recaser assez vite non ? Comment se recaser auprès de ses clients ? En leur faisant une petite fleur pardi ! Et hop on diminue ce qu’ils doivent ! Et le grand patron applaudit des deux mains ce que fait son ancien gérant !!
Il y a bien sûr plusieurs façons de lire cette parabole. Mais aujourd’hui, elle me parle de justice économique et in fine de justice sociale. Pourquoi ? Parce que le gérant, par un truchement des comptes va alléger les dettes des débiteurs du Big Boss. Nous sommes d’accord, financièrement parlant c’est la cata totale pour une banque de faire ça aujourd’hui . Vous imaginez Kerviel ou nos amis de la Caisse d’Epargne qui ont planté des millions d’euros, aller voir les débiteurs de leurs banques respectives et, plutôt que de dire « j’ai fait perdre à ma banque de l’argent, il faut que je renfloue les caisses, tu me dois tant de milliers d’euros, tu as jusqu’à demain pour rendre l’argent », vont leur dire « Au lieu de me devoir 150 mille euros, je te remet ta dette à 100 mille euros ! »
?
De cette « parabole Kerviel », quelques questions surgissent : est-ce que parce que les banques ont mal géré leurs avoirs, elles doivent aujourd’hui pénaliser les investissements des PME ? Est-ce que ces mêmes banques doivent pénaliser les petits porteurs et épargnants, « Monsieur tout le monde » ? Est-ce qu’on met les gens à la rue parce qu’ils ne peuvent plus rembourser le prêt de leur maison ? Est-ce que les Big Boss de ce monde doivent virer ceux qui ont mis leur entreprise dans une sale situation ? Est-ce que l’on peut pardonner à tous ces magnas de la finance qui ont fait couler le système ?
Pas facile hein ?
Je retire deux choses aujourd’hui : le pardon et la justice économique. Le pardon parce que si nous voulons avancer, il faut que notre système économique puisse « pardonner » à ceux qui l’ont fait couler, et se rebâtir sur ces erreurs. Pas facile parce que perso, quand je vois que mon banquier (de l’écureuil d’ailleurs) viens me voler des agios parce que j’ai fait un léger achat de chaussures, vous pensez bien, que la dernière des choses que j’ai envie de faire c’est d’être compréhensive quand lui, perd quelques millions. (Non mais oh !!!)
L’autre chose, c’est que cette parabole nous apprend que l’on ne peut pas gérer n’importe comment ce que nous co-créons avec Dieu. Nous avons une Terre à notre disposition et des biens à profusion que nous exploitons. Nous créons à partir de ces biens pour vivre, évoluer. Nous créons des richesses. Notre morale chrétienne ne nous empêche pas de jouir pleinement de ces richesses. Elle nous dit seulement de ne pas les acquérir de façon injuste, de ne laisser personne sur le bord du chemin, de partager ce que nous créons, sans préjugés, sans garantie de solvabilité. Cette création de richesse n’a de sens que si elle est partagée, qu’elle favorise la convivialité, la paix, la compassion, bref l’amour entre les hommes.
Et si vous aimez comme moi "L'actu en patates" de Martin Vidberg, c'est ici.
Tags : Catholiques et argent, crise financière, justice sociale, justice économique, Lc16 1-8, morale, parabole gérant habile
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