( Photo: FlickR )
Les 2 relatives « surprises » du vote du premier tour du congrès socialiste (l’arrivée de Ségolène Royal en tête et le bon score de la motion de Benoît Hamon) montrent que les militants PS ont envie de passer à autre chose, à plusieurs niveaux.
Rejet de l’appareil
Royal et Hamon sont 2 candidats peu enclins à jouer de l’appareil socialiste. Même si on trouve parmi leurs soutiens certains apparatchiks, on est très loin de ce que représentent Delanoë-Hollande-Jospin et Aubry-Fabius! La campagne de Ségolène Royal était tout de même particulière: elle est restée très peu de temps à La Rochelle, laissant aux autres candidats les discussions de couloirs et les petits arrangements de pré-congrès, elle a favorisé le contact avec les militants et expérimenté de nouvelles façons de faire campagne (son « Zénith », très critiqué mais aussi très remarqué), … Quant à Benoît Hamon, il a su rassembler « la gauche du PS » sans faire trop de bruit dans les médias et il a fait une belle campagne sur le web.
Envie de nouvelles têtes
De la même façon, ces 2 candidats sont ceux qui portaient le mieux le renouvellement des dirigeants du parti. Les militants PS ont enfin compris qu’il fallait tourner la page du Mitterandisme (et du Jospinisme) et laisser la place à une nouvelle génération. Pour ce qui est de Benoît Hamon et son « 15 de la rose », la preuve n’est pas à faire. C’est peut-être moins vrai pour Ségolène Royal mais je persiste à croire que sa façon de faire de la politique est différente et donne une impression de « neuf » (on peut aimer ou pas).
Certes, Aubry et Delanoë représentent encore à peu près 50% du PS mais je pense qu’au dernier congrès, les motions portant un changement ou un renouveau ne pesaient pas bien lourd (peut-être qu’un militant du PS qui passerait par là pourrait confirmer? (ou infirmer?)).
A gauche toute?
Ce n’est pas un secret, « Un congrès socialiste se gagne à gauche ». On peut déplorer ce décalage entre les orientations votées en interne et les faits en externe mais ce n’est pas cette fois que cette affirmation sera fausse! Ségolène Royal a considérablement « gauchisé » son propos ces dernières semaines et c’est aussi la candidate qui s’oppose le plus frontalement (parfois en en faisant trop d’ailleurs) à Nicolas Sarkozy.
Last, but not least: si c’était encore à prouver, le PS n’est pas écologiste!
Les 2 motions qui parlaient le plus d’écologie (et pas uniquement de « croissance verte » ou de « développement durable », présentes dans presque toutes les motions) ont fait des scores très faibles (3% à elles 2). Preuve que la grande majorité des militants PS (comme ceux de l’UMP ou du MoDem) pensent que l’écologie est un petit « bonus » à ajouter à la fin du programme, dont il faut parler parce que c’est à la mode et pas un nouveau paradigme, une nouvelle façon de penser le monde actuel.
Les gens qui, chez les Verts, veulent « écologiser la gauche » ont encore énormément de travail!
La seule façon de faire avancer l’écologie aux prochaines élections européennes est bien de voter pour les listes Europe Ecologie.
A part ça, Mélenchon quitte le PS
Il aura réussi son coup de pub: presque personne ne parle du congrès sans parler du « nouveau parti de Mélenchon » mais il n’ira à mon avis pas bien loin, l’espace étant déjà bien occupé par le NPA. Décidemment, la « gauche de la gauche » française a un talent inégalé pour se diviser.
La future direction du PS aura du pain sur la planche pour faire exister ce parti entre le MoDem, le NPA, le nouveau parti de Mélenchon et Europe Ecologie. Et tant mieux si ça peut les faire se réveiller…