Schizophrénie sociale - Le travail au noir

Publié le 09 novembre 2008 par Olivier57

"J'avais fait une proposition serrée à 18.000 €" me dit un ami artisan. "Le propriétaire a passé la commande à une équipe de x à 6750 €". "Il y a des propriétaires qui me disent : Une facture ? Pour quoi faire ? Pas de facture avec moi, monsieur !" "Je ne sais pas comment faire, j'ai des salariés, il faut bien que je fasse rentrer des commandes pour les payer" conclut-il dépité.

Vers quelle économie sommes-nous en train de nous diriger ? Nous rendons-nous compte que le travail au noir est institutionnalisé dans bon nombre de professions et  que nous fonçons vers une économie parallèle digne des pires régimes bananiers ? Les mafias sont-elles en passe de gérer un budget plus conséquent que celui de l'Etat ?

Le malheur, c'est que le travail au noir génère, a priori, le meilleur rendement entre ce qui sort de la poche du client et ce qui rentre dans celle de l'exécutant. Là où les 100 €TTC de la facture fondent pour en devenir moins de 10 dans la poche du salarié, avec le travail au noir, 100 € restent 100€. C'est ainsi qu'il n'est pas rare de voir un rapport de 2, 3 voire parfois bien plus entre le prix d'une prestation faite dans les règles et celle faite "au noir".

On pourrait croire que le travail au noir c'est le risque, la précarité, l'absence de couverture sociale,.. Naïfs ! Les choses sont plus complexes et il n'est pas difficile d'avoir le beurre et l'argent du beurre, d'allier ressources légales et bénéfices du noir.