Le charmant sourire d’Iphone Girl

Publié le 09 novembre 2008 par Stb

Connaissez-vous « iPhone Girl » ? Non, pourtant, c’est le buzz « involontaire » qui fait causer le net.

Il y a quelques temps, en effet, un Anglais découvre dans la mémoire de son iPhone tout neuf, les photos d’une jeune et jolie ouvrière chinoise. Il en déduit qu’elle travaille à l’usine chinoise qui assemble son précieux téléphone.  A-t-elle oublié d’effacer des photos après avoir légitimement testé l’appareil photo de cet iPhone ? Nul ne le sait encore, mais notre nouveau propriétaire, un peu geek sans doute,  postent les clichés sur un forum approprié macrumors.com (photo 1, photo 2, photo 3).

Certains s’inquiètent alors du sort que va lui réserver la direction de Foxconn, cette société qui produit les iPhone à Shenzhen. Il n’en sera rien car elle a fait son travail. Pendant ce temps, la collègue qui a pris la photo a fait, sans le savoir, la célébrité, de "iPhone Girl".

100 euros avec les heures supplémentaires 
 
De blogs en rédactions, son visage fait le tour du monde. On apprend qu’elle serait originaire de la province du Hunan et qu’elle a choisi la côte pour trouver du travail.

La belle ouvrière émeut le net tout entier et l’on en sourit. L'histoire n'est-elle pas belle ? Jusque là, tout va très bien, on est en plein storytelling.
 
Comment néanmoins ne pas évoquer là un récent article du Nouvel Obs où l’on nous présente une autre collègue de notre célèbre girl. Celle-ci se nomme Jin et travaille dans l'usine aux 270.000 salariés de Foxconn, à Longhua, dans la banlieue de  Shenzhen. « Pour 84 euros par mois, elle monte des processeurs d'ordinateur. Elle arrive à gagner 100 euros avec les heures supplémentaires si elle travaille dix heures par jour. «Les chefs sont très stricts. Nous n'avons droit qu'à dix minutes pour aller aux toilettes.» La nourriture servie dans les réfectoires est quelconque. Elle se plaint des conditions de vie dans les dortoirs. «Il y a des chambres de quatre et d'autres où on est entassés à 20 sur des lits superposés.» écrit Bruno Birolli.

Tout le monde n’a pas lu l’article et dans la logique buzz, certains rêvent d’une histoire à la Cendrillon pour « iPhone Girl ». Ils la voient comme future égérie heureuse de la marque à la pomme, apparaissant bien entendu dans ses publicités. D’autres voient dans son sourire la preuve que la Chine dispose de bonnes usines et d’heureuses salariées. Storytelling toujours

Pendant ce temps en France et en Europe de l’Ouest, constatant la baisse de leur pouvoir d’achat et préparant le rentrée de leurs chères têtes blondes, de nombreuses familles font leur cette constatation : « Pour 100 €, t’as plus rien ». Là, c'est une autre histoire mais on peut désormais les rassurer. 

Si, il y a bien le sourire d’une employée chinoise…